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  • Julia Blain, la tapisserie de haute lice et le Mobilier national [1-9]
    100 % Créations vous propose cet été une série consacrée aux métiers d'art du Mobilier national, en neuf épisodes. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, cet établissement prestigieux, sous tutelle du ministère de la Culture, rassemble le Mobilier national et la Cité de la Céramique de Sèvres & Limoges, formant ainsi un véritable pôle d'excellence dédié à la conservation, restauration, création et transmission des savoir-faire d'exception. Au fil de cette série, nous explorerons les coulisses de ces ateliers où plus de 300 artisans, techniciens d'art, restaurateurs et créateurs œuvrent chaque jour pour préserver et faire vivre le patrimoine mobilier et décoratif français. Des tapissiers aux lustriers, des teinturières aux inspecteurs des collections, chaque métier raconte une histoire, une tradition, mais aussi une vision d'avenir. Au sein du Mobilier national deux techniques de tapisserie coexistent la haute lice sur un métier vertical et la basse lice sur métier horizontal. Le principe est cependant le même : les fils horizontaux colorés dit fils de trame viennent couvrir un rideau vertical de fils de chaîne en laine ou coton écru. Aujourd'hui, nous avons rendez-vous à l'atelier Tapisserie avec Julia Blain, cette licière réalise des tapisseries souvent monumentales, en utilisant des techniques traditionnelles de la haute lice. Elle participe aussi à la création contemporaine en collaborant avec des artistes et designers pour donner vie à des œuvres uniques tout en respectant un savoir-faire ancestral.   La création m'anime, cela a toujours été, mais la création pour moi, ce n'est pas que faire des œuvres d'art monumentales comme les tapisseries ici.   Julia Blain, technicienne d'art, artiste licier.  La création, c'est un tout, dans ma vie.  Je ne pourrais pas vivre sans créer. J'ai besoin de cela au quotidien. Je le fais ici. Je crée aussi des choses pour moi à l'extérieur. Cela fait partie de moi et je pense que cela fait partie de beaucoup de personnes qui travaillent au Mobilier national.  Née à Strasbourg, Julia Blain, fille de militaire, a beaucoup bougé pendant son enfance. Le textile fait partie de sa famille, avec notamment des grands mères dentellières et un frère styliste. Après son baccalauréat littéraire, elle intègre les Beaux-Arts où elle confirme son attrait pour le textile. Elle consacre son sujet de mémoire d'étude à la manufacture des Gobelins. Curieuse et déterminée, elle décide d'en faire son métier en se spécialisant dans la tapisserie.  " J'avais six ans d'études derrière moi. Cela correspondait à quatre ans supplémentaires. Mais, c'était une continuité dans mon parcours et dans ma vie. J’ai foncé parce que c'était l'opportunité aussi d’approfondir mes connaissances et d'avoir une stabilité au niveau du travail par la suite. "  Avant d'intégrer la manufacture des Gobelins en 2017. Julia Blain y commence une formation en apprentissage.  « Il y a des visites qui sont organisées par la formation et je pense que c'est bien de faire ces visites parce que nous visitons un peu tous les ateliers qui vont recruter et cela permet vraiment de voir, pour de vrai, ce qui se passe dans les ateliers et voir si cela peut correspondre à nos attentes et nos envies, si on peut se projeter dans ces milieux-là. Cela permet aussi de voir les techniques pour de vrai, parce qu'on imagine beaucoup de choses, fantasme beaucoup de choses et comme ce sont des techniques, je dirais peut-être un peu gardées secrètes, c'est bien de faire ces visites avant de passer les recrutements. Après, pour ce qui est du recrutement, il faut envoyer une lettre de motivation. Il y a un dossier à faire avec ce qu'on aime produire. Ce n'est pas porté uniquement sur la création textile, bien au contraire, ça peut être simplement du dessin ou même son passe-temps comme faire de la restauration de livre. Ce que veut voir le jury, c'est la créativité du candidat, ses envies, ses ambitions. Il y a même des gens qui rentrent et qui n'ont jamais dessiné. Ils apprennent lors de la formation. Il n'y a pas de barrières. Mais, le jury veut voir la curiosité du candidat. »  Julia Blain choisi la haute lice. Une technique qui lui permet de voir toute l'ampleur de son travail et d'exprimer sa créativité. Elle travaille aujourd'hui dans l'atelier tapisserie avec une quinzaine d'autres liciers impliqués dans la création et la restauration de grandes œuvres textiles en équipe et sur des projets ambitieux.  « La tapisserie de manière générale, c'est un travail d'équipe. Nous sommes au minimum deux jusqu'à quatre, cinq, six. Ça va dépendre de la pièce, mais il y a aussi des pièces où on est seul. Ce qu'il faut, c'est pouvoir réaliser le dessin et pour ça, il y a des conditions à remplir. C'est à dire que la façon dont est faite la composition sur le dessin ne va pas permettre plusieurs personnes, parce qu'en tapisserie on ne monte pas rang par rang. Ce n’est pas linéaire, c'est un remplissage de formes qui s'imbriquent les unes sur les autres. C'est une espèce de Tetris. Et pour que ça fonctionne, il faut qu'il y ait des creux et des pleins dans la tapisserie pour être à plusieurs. Si cela n’est pas possible, il va y avoir qu'une seule personne sur la tapisserie. » « La tapisserie précédente sur laquelle je travaillais il y a encore peu, mesurait deux mètres 20 par deux mètres 20. C'est considéré comme une tapisserie relativement petite ou moyenne. Nous étions deux dessus. Nous l’avons terminée et je suis passée sur une tapisserie du Danemark qui fait six mètres de long. Donc, on varie vraiment au niveau des tailles. Tout va dépendre du projet. Tout va dépendre aussi du modèle parce qu’il y a des modèles qui ne vont pas se prêter forcément à du grand format monumental parce que ça ne va rien apporter de supplémentaire, autant rester sur un format un peu plus réduit, avoir quelque chose d'un peu plus précieux, mais qui va prendre toute son ampleur et toute son importance dans un lieu. » La complexité des formats, leurs tailles nécessite une dynamique collective dans l'atelier où l'entraide et la cohésion sont indispensables. Julia Blain apprécie ce travail en équipe.  « Je pense que s'il n'y avait pas une bonne dynamique au sein de l'atelier, le travail ne serait pas aussi agréable. Nous avons besoin d'entraide aussi au sein de cet atelier. C'est-à-dire que on a quand même des métiers à tisser qui sont monumentaux. On fait toutes les manipulations toutes seules, on monte un métier de A à Z toutes seules. Nous avons, donc, besoin de nous entraider énormément. Et donc si on n'avait pas un esprit de cohésion important, on ne pourrait pas avancer comme on avance. Pour cela, je peux remercier aussi mes collègues parce que même si on ne travaille pas ensemble sur les mêmes tapisseries, le fait d'avoir le regard d'une autre collègue sur ce qu'on vient de faire, sur les questions qu'on se posent, c'est très important, parce que ça permet d'avancer et même de magnifier le rendu final. »  Avant de commencer une tapisserie, Julia Blain a recours au carton de tapisserie. Celui-ci indique la composition, les motifs et les couleurs. Il est agrandi aux dimensions de la tapisserie et ce grand patron sert de modèle au licier.  « Il y a des commissions de cartons qui se réunissent pour l'achat des cartons, ce que j'appelle les cartons, c'est les modèles. Les modèles appartiennent à l'État, donc forcément, il y a une commission avec des professionnels, des membres de l'administration, des chefs d'atelier qui vont se réunir pour choisir ces modèles parce qu'il faut bien évidemment que le modèle se prête au textile. C'est la première étape et après c'est distribué dans les différents ateliers. Nous, quand cela arrive dans l'atelier, la dimension est déjà à peu près établie et c'est le chef d'atelier qui propose à un chef de pièce. Le chef d’atelier va choisir une de mes collègues, admettons, qui va devenir cheffe de pièce, il va lui proposer un modèle. Alors, après la discussion est ouverte. On ne force jamais quelqu'un. Non, ce n’est pas possible parce que nous sommes dans un domaine de création. Ça peut devenir une souffrance si la personne se sent mal parce que nous sommes sur des temporalités qui sont complètement différentes des temporalités actuelles. Nous sommes dans une société où on a envie que tout aille vite et toujours plus vite. On est dans des temporalités ici complètement aux antipodes. C'est-à-dire qu’une tapisserie, cela prend entre trois et cinq ans. Si quelqu'un est en souffrance pendant trois ans, entre trois et cinq ans, ce n’est pas possible. La discussion sur le modèle reste ouverte : on propose aux gens et après les équipes se forment comme cela. »  Julia Blain apprécie la diversité des projets. Pour donner vie à des œuvres sur mesure. La collaboration avec les artistes et designers, souvent en amont, est toujours enrichissante.  « Pendant très longtemps, on a acheté des cartons et après on passait à la réalisation. L'artiste ou le designer venait et il y avait un échange qui était fait sur le carton. Mais les cartons ne correspondaient pas forcément tout le temps à un passage en textile. Donc, il y avait aussi une difficulté pour nous de passer de certains cartons au textile. Maintenant, ce qui se passe de plus en plus, c'est qu'on va chercher des artistes en particulier. L’Administration fait appel à eux et leur dit qu'ils veulent, si ça les intéresse, un tissage d'eux. Et donc du coup après l'artiste raisonne, il vient visiter les ateliers et fait son modèle en fonction de la technique et tout ça. Après au long terme, sur une tapisserie. Les relations avec les artistes peuvent être très variées et très différentes. Il y a des artistes qui vont être très impliqués, qui vont venir, qui vont peut-être même un peu trop s'imposer. Et du coup, pour nous, c'est aussi difficile à gérer parce qu'ils ne se rendent pas forcément compte de toutes les ficelles qu'il y a derrière et tout ce qu'on doit gérer. Il y a des artistes qui vont être très présents mais très bienveillants et qui vont dire d’accord, c'est pas ma partie là, je sais pas faire, donc faites, je vous fais confiance et alors là, c'est le meilleur des cas. Et il y a des artistes qu'on ne voit jamais, ça existe aussi. Mais dans tous les cas, il y a quand même une fin heureuse. Nous faisons des tapisseries. » La recherche de couleurs, de textures et l'interprétation personnelle font partie intégrante du travail de Julia Blain. La réalisation de pièces en relief ou combinant plusieurs techniques est pour elle un défi stimulant.  « C'était une tapisserie en relief. C'est quelque chose qui ne se fait pas beaucoup ici. C'est la première fois, je pense qu'on le faisait et c'était un peu le défi à relever. On a fait l'ensemble du tissage, on a déroulé la tapisserie et on est venu réincorporer des chaînes sur le devant de la tapisserie et on a tissé des volumes par-dessus. C'était un peu le défi de savoir :’Est-ce que ça va bien rendre. Est-ce que ça ne va pas déformer le tissu. Est-ce que ça va apporter quelque chose aussi ? Parce que ça aurait pu totalement devenir anecdotique. C'était un défi que j'ai réalisé avec ma cheffe de pièce et c'était vraiment très exaltant. »    Abonnez-vous à "100% création"  "100% création" est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.     Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté    Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI
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  • Corinne Bally, le voyage des masques chamanique jusqu’au design
    Corinne Bally se consacre à la valorisation du patrimoine artisanal de l'Amérique centrale et plus particulièrement à celui des masques chamaniques de la région du Darien. Entre le Panama et la Colombie, la jungle du Darien est l'un des endroits les plus sauvages au monde. Corinne Bally travaille depuis plus d’une décennie avec les femmes des tribus Embera, créant des pièces uniques inspirées des rites chamaniques, entre objet rituel, décoration et art contemporain.   A Paris, cet été, Maisons du Monde expose une collection exceptionnelle de ces masques. Une mise en lumière de la richesse culturelle, humaine et artistique de cette aventure. J'ai toujours été fascinée par l'art et la beauté, mais je ne me sens pas moi-même créatrice Corinne Bally, fondatrice de Corinne Bally Ethic & Tropic « Par contre, j'ai peut-être la vocation de savoir apprécier les belles choses, de les faire connaître, de les mettre sur le devant de la scène et peut être de permettre leur évolution. Ce n'est pas moi-même qui crée, mais j'ai besoin des autres pour créer avec les autres. » Née en France Corinne Bally vit en Espagne. Cette binationale possède une double maîtrise en lettres et communication internationale. Après un parcours professionnel au sein de Chambres de commerce et des programmes de la communauté européenne dans la gestion de projets, elle se réoriente vers l’art et la culture. Après son mariage, Corinne Bally s’installe à Valence en Espagne et crée une galerie d’art. Passionnée par l’Amérique centrale, elle développe une relation profonde avec des tribus indigènes, notamment en découvrant et en valorisant leurs masques chamaniques. Toutefois il a fallu que Corinne Bally soit acceptée par les femmes des tribus Embera. « Ce sont elles qui m'ont choisie puisque, je suis arrivée dans les villages sans les connaître. J'ai démarré avec de toutes jeunes femmes qui ne savaient pas travailler. Elles savent intuitivement parce que c'est une tradition, mais personne ne travaillait beaucoup puisque on faisait un masque pour le chaman. » « J'ai démarré avec des toutes jeunes femmes qui travaillaient mal. J'ai tout acheté. J'ai encore des stocks de masques que j'appelle les primitifs et petit à petit, j'ai vu l'évolution en six ans, en huit ans, en dix ans de toutes ces jeunes femmes. Quand je dis de toutes jeunes femmes, c'est qu'elles sont mamans à quatorze ans, elles ont entre six et huit enfants. Elles commencent à travailler avec moi à quatorze ou seize ans parce que ce sont des mamans, donc elles ont le droit de travailler et souvent elles sont malhabiles. De même que les femmes qui sont très âgées et qui ne voient pas très bien. On a des masques qui sont touchants et petit à petit, ensemble, on a évolué. Et aujourd'hui j'ai quelques artisanes auxquelles je pense, qui ont démarré avec moi depuis le début et qui font des merveilles parce qu'on a réussi à incorporer leur technique, leur caractère. Je reconnais le travail de chacune. Elles peuvent tout me mélanger. Je sais qui a fait quoi. On reconnait le caractère de chaque femme. Et j'ai vu une évolution extraordinaire. Et ça, c'est ce qui est vraiment beau et touchant. Et la relation que j'ai avec elles aussi parce que se retrouve vraiment. Il y a des retrouvailles et on communique par messagerie aussi. Quand elles ont un téléphone, elles m'envoient des messages audio pour être toujours en contact. Il y a une vraie relation entre nous. » Depuis que Corinne Bally a créé Corinne Bally Ethic & Tropic en 2012, elle part régulièrement au contact des femmes Embera qui réalisent les masques chamaniques. Sur place, les retrouvailles sont toujours intenses. « Elles sont très heureuses de me montrer leur travail, de me montrer comment ça a évolué. Elles me disent : "Tu vas voir, je vais t'impressionner, je vais faire le plus grand masque que tu n'as jamais vu ou je vais te surprendre la prochaine fois." Mais ça s'arrête là. Si j'arrive avec des images, ça ne les intéresse pas. Ça s'arrête au moment où on se retrouve toutes ensemble dans un village. C'est un petit peu la fête. J'arrive. Je suis là pour un jour, deux jours selon la taille du village. On se retrouve, on va tout déballer parce qu'elles arrivent avec ces masques qui sont soigneusement conservés dans des pochons en tissu. On arrive en pirogue, il fait très chaud, un climat tropical et on ne voit rien. Et puis là, elles arrivent une à une et elles ont ces masques, elles les sortent et là, c'est un feu d'artifice de couleurs et de créativité. Elles s'observent les unes, les autres. Elles essaient de faire des photos quand elles ont des téléphones, elles comparent le travail des unes et des autres parce qu'elles travaillent chez elles, elles ne travaillent pas ensemble. C'est un jour de fête, il y a aussi de l'argent qui arrive, Tous les enfants sont là, il y en a partout et pour elle, ça s'arrête là. J'emporte les masques et on va redémarrer. Elles me demandent immédiatement : "Qu'est-ce que tu veux pour la prochaine fois ?" Et on est reparti sur autre chose et je suis revenu avec des vidéos que j'avais fait avec une amie artiste, une musicienne péruvienne qui m'avait dit elles vont adorer cette vidéo, mais non, le travail s'arrête là. À partir du moment où j'emmène les masques, ils partent dans un autre monde et c'est comme s'ils avaient été brûlés, après le rituel. » Récolte, teinture, création du masque avec tissage ou broderie, la technique exceptionnelle des masques traditionnels utilisés par des tribus d’Amérique centrale passionne Corinne Bally. « Ce qui m'a fasciné dans ces masques, ce n'était pas la qualité à l'époque mais la technique. A l'origine, ils sont faits pour les rituels chamaniques. Le chaman va demander à la famille du consultant de réaliser ces masques en fonction de la pathologie du consultant. Le chaman est guidé par un esprit, c'est l'esprit qui va demander au chaman de réaliser tel ou tel masque. Ces masques sont utilisés uniquement par le chaman. Ils sont brûlés après le rituel parce qu'on ne peut pas toucher un masque qui est chargé. Donc ils sont utilisés par le chaman pour communiquer avec le monde invisible. Pour cette tribu, comme pour beaucoup de tribus animistes, il y a deux mondes le monde visible, celui dans lequel nous vivons et le monde invisible qui est celui des esprits. Et l'avantage du monde invisible, c'est qu’il nous voit alors que nous, nous ne pouvons pas communiquer avec ce monde invisible. La seule personne qui peut communiquer avec le monde invisible, c'est le chaman et il va donc utiliser pour les rituels différents outils. Et ces masques sont un de ces outils. Donc voilà ce que j'ai découvert il y a plus de douze ans. » La technique ancestrale, la beauté et leur rôle dans la communication avec les esprits font de ces masques des témoins précieux d’un patrimoine en voie de disparition. Pour Corinne Bally c’est une aventure humaine et artistique qui fait réfléchir à la magie qui se cache derrière chaque création. « J'ai découvert très vite les différentes techniques et la créativité de chacune des femmes. Quelquefois je les laisse libres parce que c'est intéressant pour moi, mais elles n'aiment pas. En général, elles aiment bien être orientées. Quand je les laisse libres, j'ai des choses comme des masques très bizarres. Et là, je demande par exemple une fois : "Mais qu'est ce que c'est ?" Parce que j'ai une énorme tête avec deux ou trois cornes. Et elle me dit : "C'est un esprit qui venait me visiter toutes les nuits, donc je l'ai fait pour toi, comme ça tu l'emmènes et moi il me laisse tranquille." C'est le charme qu'on peut avoir à les laisser travailler seules quand elles le souhaitent. Et dans d'autres cas, effectivement, je vais orienter la production parce qu'il y a des artisanes qui ont une technique très particulière et qui développent une broderie très particulière. » « Certaines font des têtes d'oiseaux magnifiques parce qu'elles travaillent la couleur et les motifs. Je vais leur demander des têtes d'oiseaux et à d'autres je vais demander des félins parce qu'elles excellent dans les teintures dans ces tons fauves chocolat. On a des couleurs magnifiques et c'est moi qui vais orienter, en fonction de l'habileté et de la qualité du travail de chacune. » Corinne Bally a tissé un lien unique avec des tribus isolées d’Amérique centrale. Par une démarche respectueuse et passionnée, elle permet à un peu plus de 150 femmes sur sept villages de valoriser leur savoir-faire, gagner leur vie, et préserver leur identité face à l’oubli. « Nous n’avons pas de pièces anciennes, contrairement au masque africain qui est fait pour durer, parce qu'il est en bois, il est en métal. Ce masque-là, il est fait en feuille de palme. Il est très léger, très résistant, mais il brûle facilement. Il est fait pour être utilisé et pour être brûlé. Après, il a une fonction pratique, mais nous en avons fait un objet d'art. C'est une tribu qui va disparaître très vite. Il y a un phénomène d'acculturation. La nouvelle génération ne parle plus le dialecte et ne peut plus communiquer avec les la génération des grands parents. J'assiste à un phénomène d'acculturation très rapide et qui est terrible à voir. Mais là on ne peut pas lutter contre. C'est le cours des choses et on est dans un phénomène de dissolution. Il y a une chose qui s'est développée dans cette tribu, c'est le travail des masques. C'est à dire que quand moi je suis arrivé, c'était moribond, on faisait des masques pour les rituels, on n'en faisait presque plus, on les brûlait. Il n'y avait absolument aucune fierté de réaliser ce travail. Et puis là, en douze ans, on a des femmes qui sont très fières de leur travail, qui gagnent de l'argent plus que leurs maris, elles sont fières de ce qu'elles font et on a une production qui s'est développée avec des objets d'art. Au-delà, je dirais, de la sauvegarde culturelle. Il y a même une évolution. C'est à dire que pour moi c'est un langage parce que je ne vends pas de grande quantité, mais je vends partout dans le monde et ça permet à ces femmes finalement de parler de leur culture et de montrer qui elles sont. Aujourd'hui, on a transcendé l'objet rituel qui mélange le dessin rituel de protection en oeuvres créatives très contemporaines. On a du design, on a des choses qui sont absolument incroyables. » Les masques ont quitté leur usage rituel pour devenir des pièces de design et d’art contemporain. Corinne Bally fait le pont entre deux mondes. Entre sacré et esthétique, ces masques transcendent leur fonction initiale pour exprimer une créativité universelle. « Le fait que je les ai découverts, et c'est vraiment une rencontre, c'est le hasard parce que je n'étais pas du tout partie les chercher. Le fait que je les ai découverts et que j'ai commencé cette collaboration, ça a permis de les maintenir et de dynamiser cette production. Donc d'arriver à ce niveau de création et de créativité. S'il n'y avait pas eu cette rencontre aujourd'hui, ces masques n'existeraient pas, on n'aurait pas le plaisir de pouvoir les contempler. Et ça, c'est vraiment important. Ça fait partie des mystères. Quand je parle de mon histoire, je dis que les coïncidences n'existent pas et que ce n'est pas un hasard. Si j'ai trouvé ces masques, c'est que certainement ils avaient besoin de quelqu'un pour les faire connaître et peut-être développer cette création artistique. » Abonnez-vous à « 100% création » « 100% création » est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté J Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI                 
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  • La créativité africaine, la vision d’avenir d'Africa Fashion Up avec Valérie Ka
    Ce jeudi 26 juin, en marge de la Fashion Week de Paris, se tient l’Africa Fashion Up, un événement qui célèbre l’excellence des talents du continent africain. Valérie Ka, promotrice engagée de cette initiative, dont France Médias Monde est l’un des partenaires, met en lumière la diversité des créateurs africains, souvent sous-représentés sur la scène mondiale. Cet événement parisien dédié à la mode contemporaine africaine combine défilés, formations et accompagnements, créant ainsi une plateforme unique pour révéler les talents du continent. Moi j'adore créer, et ce n'est pas que dans le domaine de la mode. J'adore aussi l'architecture !  La création j'en fais, pour moi : les vêtements, parce que j'avais ma collection. Je réfléchis, peut être, à relancer ma marque.  Valérie Ka, mannequin et promotrice d’Africa Fashion Up. « Je cherchais un nom. Je voulais qu'on comprenne tout de suite qu'on parle d'Afrique et Up, parce que je voulais montrer ce qu'il y a de meilleur. » Valérie Ka, entrepreneuse, est née en Côte d'Ivoire, passionnée par l’architecture, la décoration d’intérieur, la mode. Elle débute, très tôt, une carrière dans le mannequinat, collaborant notamment avec Alphadi, créateur de mode, surnommé le magicien du désert. Elle parcourt le monde à travers des défilés pour les maisons de haute couture, accumulant une riche expérience dans le secteur. « Être mannequin, c'est quand même super ! C'est un travail qui donne tellement d'opportunités. Moi, j'adore voyager, donc, avec ce métier, c'est clair que j’ai fait le tour du monde, donc, j'ai beaucoup voyagé. J'ai commencé très jeune à 14 ans avec Alphadi. Je faisais déjà toutes les tournées de la caravane en Afrique. J'étais sa fille comme on dit, un peu son égérie et il faisait partie de la famille Alphadi, Katoucha, ils venaient à la maison. C'est comme ça qu'ils m'ont découvert. Mais j'étais déjà passionnée par la mode donc ça a été plus rapide. J'ai eu beaucoup de chance, j'ai eu beaucoup de gens qui me protégeaient. Le fait d'avoir commencé tôt, j'étais tout le temps la chouchou, le bébé que tout le monde essayait de protéger. J’oublie souvent, mais j'ai fait un concours mondial de top model aussi à Istanbul, et j'étais troisième. " Animée par le désir de promouvoir la diversité et l’excellence de la création africaine et constatant le manque de plateformes pour les créateurs africains, Valérie Ka lance en 2021 Africa Fashion Up, lors de la Fashion Week de Paris. « Je suis partie d'une frustration. Paris, capitale de la mode. Il n'y a pas un événement dédié à la diversité de ce niveau. Ce n'est pas normal ! C'est un peu dommage ! C'est juste une frustration. Mais s'il y avait quelqu'un d'autre qui le faisait, moi je ne l'aurais pas fait. Quand j'ai lancé ma marque, j'aurais aimé qu'on me dise : "c'est bien de créer, mais il faut vendre". Il faut tenir des comptes, plein de choses que j'ai découvertes. Il y a des façons de vendre, du marketing, des choses qu'il faut savoir. Mais ça, je ne connaissais pas du tout et je me suis dit qu'il fallait la même chose pour les créateurs africains. » La 5e édition d’Africa Fashion Up a reçu plus de 300 candidatures. « On va chercher les meilleurs designers et puis ils s'inscrivent. Et après, comme je l'ai dit souvent, ‘ tu es au fin fond de l'Afrique et puis ça te tombe sur la tête’, ils viennent représenter leur pays, montrer ce qu’ils savent faire et tout de suite ils sont pris dans le tourbillon parisien de la Fashion Week. On leur demande un lookbook, leur parcours. Nous avons deux catégories. Donc il y a la catégorie jeune designer et Best designer. Concernant les jeunes designers, on leur demande de présenter ce qu'ils ont déjà fait, s'ils ont une collection, un lookbook, leur histoire, leur parcours. Les Best designer, on va leur demander en plus leurs chiffres d'affaires, s'ils ont déjà vendu en boutique et sont déjà représentés. On leur donne aussi l'occasion de pouvoir vendre aux Galeries Lafayette et ils montrent tout : leur atelier, la construction de leur collection, ce qu'ils ont déjà fait avant, ce qu'ils prévoient de faire. Il nous montre tout et ensuite, nous, nous avons des ambassadeurs sur place dans les différents pays et on leur demande de valider ou d'aller voir les collections pour être sûr que ça correspond à ce qu'on nous envoie. » Le lancement, lors de la 4e édition de l’Africa Fashion Up, du Studio K, un espace dédié à la vente et à la visibilité des créateurs africains à Paris, est une étape stratégique pour assurer aux lauréats d’Africa Fashion Up une présence à l'internationale, selon Valerie Ka : « Cela fait partie de l'aventure. Nous avons eu beaucoup de retours de créateurs pour la vente parce qu'ils venaient en disant : "Oui, c'est bien de faire du show, de présenter, d'être formé, mais on veut vendre." C'est très compliqué parce qu'il y a tellement d'exigences et puis aussi le prix. Et donc c'est pour ça qu'on ne trouve pas les créateurs africains, il faut dire aussi les collections, la présentation, le suivi, c'est aussi compliqué. Il y a tellement de choses qui sont demandées, ce qui est tout à fait classique, basique ici. Mais pour les Africains qui viennent avec leurs collections, c'est pour eux complètement un autre univers. » « Et donc on a eu l'idée d'aller dans la meilleure place de Paris. Nous sommes allés voir les galeries qui sont partenaires. C'est vrai que ça fait quatre ans qu'on en parle, qu'on discute et finalement, ils ont fini par nous accepter. La première édition, nous avions une salle au quatrième étage de 260 mètres carrés, magnifique salle avec la vue sur Paris et là, on a pu exposer environ une dizaine de créateurs pour la vente. Les créateurs voulaient être au même niveau que Chanel, Gaultier, Dior et nous sommes au même niveau que les grands, au troisième étage. C'est une opportunité énorme parce que Galeries Lafayette, c'est 100 000 personnes par jour. L'année dernière, c'était la première vente réalisée aux Galeries par des créateurs africains. C'était une belle réussite. Il faudrait le mettre dans le Guinness des records. » Malgré les défis financiers et logistiques, Valérie Ka fait évoluer la perception de la mode africaine en structurant un écosystème compétitif au niveau international. Elle mobilise des partenaires prestigieux autour d’Africa Fashion Up. Et la mise en place des programmes de mentorat et de formation en partenariat avec Balenciaga et l’école HEC avec un accompagnement en business, marketing et création d’entreprise, offre aux créateurs africains bien plus qu’un défilé à Paris.  « Il y a trois formations : la partie Fashion Mode où les créateurs sont accompagnés par Balenciaga. Ils ont des mentors qui sont présentés juste après la sélection, avant même qu'ils arrivent à Paris. Ils échangent avec leurs mentors pour savoir exactement de quoi ils ont besoin. Et ensuite, quand ils sont à Paris, ils sont accompagnés par Balenciaga. Ensuite, on a une formation avec HEC, pour la partie business marketing, création d'entreprise via des mentors pour les aider à développer leur entreprise. Enfin, ils ont des masterclass avec les responsables et directeur des Galeries Lafayette. » Fierté, succès, reconnaissance, Valérie Ka apporte aux jeunes créateurs africains les moyens de réussir à l’international. Aujourd’hui, elle souhaite devenir un acteur majeur du luxe africain. « Mon rêve, c'est d'être le "LVMH africain". Quand je dis ça, souvent, les gens me disent : "Mais oui, pourquoi pas !" Nous, ce qu'on veut, c'est avoir des marques Louis Vuitton, Chanel, africain et avoir une plateforme où on retrouve à la fois le luxe, mais pas que dans les vêtements, des accessoires, des bijoux de créateurs africains qui sont incroyables. Donc nous réfléchissons à voir comment développer ça aussi. » Abonnez-vous à « 100% création » « 100% création » est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté  Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI
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  • Helmer Joseph: au-delà d’un style, d’une signature, la quête de la perfection
    Helmer Joseph incarne la passion, la persévérance et le partage dans l’univers de la mode. Son parcours, jalonné de formations, puis de postes au sein des maisons prestigieuses comme Mugler, Dior ou Yves Saint Laurent, témoigne d’un talent exceptionnel. Mais ce qui distingue ce grand couturier haïtien, ce n’est pas seulement sa technique, c’est aussi sa volonté de transmettre, de partager ses connaissances avec la jeunesse haïtienne et africaine. À travers ses créations, ses enseignements et ses actions, il nous rappelle que la mode n’est pas qu’une simple question de style, mais aussi une histoire de cœur, de savoir-faire et d’héritage. Nous avons rencontré cette figure incontournable de la mode à Lomé, pendant la dernière édition du FIMO 228. La mode me coûte de l'argent plus qu’elle ne me rapporte de l'argent, parce que dès que j'ai une facture qui rentre, je l'investis tout de suite. Les gens me disent " Mais tu dors quand ? " je dis " je dors, quand je ne travaille pas" parce que je travaille plutôt le soir, entre 8 h à 2 h du matin. Je travaille tous les jours, sept jours par semaine. Je travaille tout le temps. Je travaille tout le temps dans l'atelier, les broderies et la machine, mais sans compter dans ma tête, c'est tout le temps ! Helmer Joseph, couturier et fondateur de la marque Helmer. « Je n’ai que moi : j'ai Helmer et Joseph, c'est tout. Il y en a un qui dépense et l'autre qui travaille. Ils s’entendent. Quand la banque appelle, on demande Monsieur Joseph. Quand les fournisseurs appellent pour de la marchandise pour venir voir, on demande à Helmer. Quand le comptable appelle, c'est Monsieur Joseph. Mais les deux s'entendent très bien ». Né dans la petite ville des Gonaïves en Haïti, Helmer Joseph grandit dans une famille nombreuse, entouré de traditions et de valeurs fortes. Très tôt, il se passionne pour la couture : il aide sa mère et fabrique ses tenues dès l’âge de cinq ans. Avec sa famille, il habite près de l’église, un poste d’observation qui lui permet d’examiner les tenues et allures vestimentaires. « Je suis né il y a longtemps, à une époque où les gens allaient encore à l'église et que quand il y avait un décès, la famille allait à l'église pendant un mois, tous les matins, toute la famille. C'était l'époque des mantilles, les gens étaient gantés, avec le grand chapeau. Les mariages étaient devant les l'églises. Je voyais tout ! ». « Ma mère a eu deux filles après moi et j'avais sept ans quand je l'aidais à coudre parce qu'elle faisait tout elle-même. À l'époque, on faisait tout à la maison et je l'aidais. J'ai commencé à travailler sur la machine à coudre dès l'âge de cinq ans. Une machine à bras, juste pour jouer. J’ai appris à faire des lignes droites sur un cahier d'écolier, j'avais cinq ans. À dix ans, je faisais mes vêtements et du coup je faisais pour moi et mes frères et sœurs. À treize ans, j'ai commencé à avoir une petite clientèle, des demandes du quartier. Je me faisais payer. Ce qui veut dire que pendant les rentrées scolaires, je n'allais pas à l'école, le premier mois, parce que j'avais beaucoup de commandes, je n’étais pas rapide. Mais comme je travaillais très bien à l'école, mes parents n'étaient pas trop affolés ». Haïti, Jamaïque, Montréal, il arrive à Paris en 1984 pour suivre des études dans une école de mode et de stylisme. Helmer Joseph rêve de Paris, le berceau de la haute couture. Il apprend, créée et s’inspire des plus grands Dior, Rochas, Yves Saint Laurent et tant d’autres. Helmer Joseph est diplômé d’une quinzaine d’écoles de mode, et encore aujourd’hui, cet éternel apprenant continue à se former.  « J'ai fait pas mal de formations de tricot-machine parce que je suis curieux. Arrivé à Paris, j'ai fait Esmod. Après, j'ai fait Christian Chauveau pour le maquillage, pour le cinéma et puis là j'ai pu rester à Paris. Je n'avais pas de portfolio. Chez Esmod, j’ai sympathisé avec une fille, son conjoint, était photographe. Nous avons fait un shooting de photos sous le Pont Neuf, avec une amie mannequin de Montréal. Quelqu'un passait par là, a demandé "qui a fait la robe?’". Elle a dit que c’était moi, il m’a donné une carte. J'ai appelé. Je suis entré dans un atelier de haute couture. C'était aussi facile que cela. Du coup, j'ai touché un peu à tout. Mais après j'ai fait Lesage en broderie, j’étais la troisième personne à m'inscrire à l'école, dès que j'ai entendu parler qu'il y avait cette formation, parce que j'avais fait de la broderie aussi en Jamaïque. Après, j'ai fait le design textile, le chapeau, la Chambre syndicale de la couture parisienne en moulage, une formation complète de moulage pour pouvoir enseigner plus qu'autre chose. Le mois dernier, j'ai fait de la soudure, une formation de soudure parce que maintenant il y a beaucoup de carapace. Tout est rigide dans la mode. Dès qu'il y a des séminaires, je les prends, même si c'est loin parce que j'ai une école en Haïti, une école de mode et de métiers d'art. Je dois, donc, répondre à pas mal de questions. Je suis aussi chargé de cours à l'Université du Québec, à Montréal, à l'UQAM. Il faut répondre à toutes les questions parce que chacun a des inspirations, il faut les encadrer », explique-t-il. La maîtrise des techniques traditionnelles, couture, broderie, confection, finition, est essentielle pour Helmer Joseph, afin de créer des pièces de haute qualité. Toutefois, son processus créatif démarre toujours par le textile. « Le tissu, je le vois déjà au toucher. Je vais voir si je peux l'écraser, le mouler, voir ce que je peux faire avec. Je peux le mettre sur mon bras pour voir comment il bouge, pour la manche. C'est d'abord le tissu. Du tissu, je vais créer quelque chose. Ma formation de tailleur me pousse à préférer la laine. Parce que la laine, par exemple, dans les maisons de haute couture, on dit qu'un tailleur, c'est juste repasser, c'est-à-dire, quand on peut repasser de la laine, on peut sauver n'importe quel modèle. Tandis que la mousseline, je n'aime pas trop. Mais tout ce qui est soie pour les robes, les drapés, j'aime bien. Mais moi, c'est la laine. Je préfère le lin au coton, le coton ça n'a pas de vie. Il y a de très beaux tissus pour les chemisiers d'hommes qui sont solides, qui ont vraiment de la force. Mais tout ce qui glisse, je n'aime pas ! Encore une fois, c'est ma formation tailleur. J'aime bien quand c'est construit ». « Par exemple : sur les défilés, quand c'est une femme qui a travaillé sur un veston, je le vois. Quand c'est un homme qui a travaillé sur une robe, je peux le voir aussi, la main n'est pas pareil. Ça, on peut le voir. On fait le jeu assez souvent. Il y a du plaisir quand on est responsable d'une robe. Et puis on voit morceau par morceau. Il y a des moments pendant le défilé, les manches ne sont pas encore arrivées, le défilé commence. Il faut être prêt avec ses épingles pour épingler. Il y a beaucoup de plaisir à travailler en arrière ». Le couturier haïtien accorde une importance capitale à la sélection rigoureuse des matériaux, mais aussi à celle des couleurs. « J'aime beaucoup le bleu, le bleu indigo, pas le marine. J'aime beaucoup le gris parce que ça se mélange très bien et j'ai toujours du noir et blanc dans les mélanges parce que ça réveille. Et puis j'aime beaucoup le mauve. Tout ce qui est mauve et le fuchsia, une petite touche. Parfois, c'est juste la doublure d'un veston qui est en orange ou en fuchsia, mais j'ai besoin de couleur. C'est très rare que j'aie du noir, mais je mélange tout de même les matières sur mes robes noires et la couleur. A un moment, je faisais beaucoup de couleur et j'aime beaucoup. Je mélange, je me donne cette liberté de mélanger les couleurs comme je veux. Il y a aussi un piège dans la couleur. Quand c'est à la mode, c'est à la mode. Mais c'est comme l'orange. Si l'orange n'est pas à la mode, ça gâche quasiment une collection. Le rose, j'en ai toujours parce que ça peut plaire, mais ce n’est pas une couleur que j’aime parce que j'ai eu mes sœurs à la maison, ma mère à la maison. Tout était rose. J'avais horreur de cela. Quand j'invitais les gens chez moi à Paris, mes conditions pour être invité : pas de chemise de nuit rose, pas de vêtement rose. Je ne veux rien de rose chez moi ».  Cet artisan passionné, installé à Montréal, s’exprime à travers ses vêtements, il aime relever des défis et ne s’arrête que lorsqu’il est pleinement satisfait du résultat. « Quand je commence sur certaines pièces, je me sens comme un chirurgien. Je ne peux pas fermer le malade pour dire je reviens demain. Il y a des modèles, je fais mes 27 h sur le modèle non-stop. Tant que ce n'est pas fini, je n'arrête pas. J'ai besoin de le voir. C'est toutes mes journées qui passent là-dedans. Pour ne pas dire toute ma vie. Je sors aussi. J'ai une vie, mais quand j'ai une idée, je dois le voir. Je peux me réveiller à 2 h et puis aller dans l'atelier, parce que j'ai un atelier chez moi aussi, je vais faire des tests. Et même quand j'avais 18 ou 20 ans, j'allais dans les discothèques le samedi soir, je rentrais à 2 ou 3 h du matin, je commençais ma chemise pour la semaine prochaine, avant d'aller me coucher. Quand j'ai une idée, c'est mortel. C'est sûr que ça vous oblige aussi à avoir une vie de célibataire. Dès que j'arrive à voir que c'est faisable, je le mets de côté, puis je prends un autre. Je n’ai jamais rien de fini, j'ai plein de choses de commencer. Et puis à la dernière minute, je vais choisir, tout dépend de l'événement, de l’occasion. Mais j'ai plein de choses et des idées. C'est comme ça. Et là, j'ai le malheur d'avoir mon atelier au-dessus du magasin de tissus. Je suis dedans ». Helmer Joseph partage son temps entre la mode et l’enseignement. Il est le directeur fondateur d’une école de mode et de métiers d’art en Haïti. Il offre ainsi à de jeunes talents une chance de s’insérer dans un secteur difficile. Son engagement va bien au-delà de la création : il souhaite préserver la qualité, la rigueur et la beauté du travail artisanal, tout en s’adaptant aux contraintes du pays. Helmer Joseph a développé sa méthode. « C'est très gratifiant parce que les élèves apprennent vite, ils ont ce besoin de réaliser des choses. Moi j'ai commencé le cours à l'envers :  la première semaine, tout le monde doit faire de la broderie parce que dans les douze points de base de broderie, c'est tout ce que l'on va utiliser pour les finitions, même ceux qui ont déjà une formation de tailleur, ils sont toujours étonnés après la première semaine de voir ce que cette formation de broderie leur a apporté. Tout le monde est déjà plus autonome ». « Les premiers trimestres, on fait des accessoires de mode : chapeaux, sacs. On essaie de tout faire...une robe par exemple. Et je fais toutes les jupe d'un coup. En une semaine, je fais les jupes portefeuille, jupes droites, parce que les écoles c'est quasiment un trimestre pour faire les six jupes. Si tu ne comprends pas, ce n'est pas grave parce que c'est la même base qu'on agrandit, mais à la fin on peut tout faire. On n'a pas le droit actuellement en Haïti de prendre trois ans de quelqu'un pour le former en mode parce qu'il faut qu'ils trouvent quelqu'un qui paye. Là, ils ne peuvent pas payer. Il y a le transport, l'insécurité. Il n'y a rien qui dit que cette personne va travailler vraiment dans le métier, mais avec des modules de trois mois, j'ai la satisfaction de voir qu'ils s'accrochent vraiment ! Les meilleurs, je leur donne un salaire. Le salaire, c'est quoi 50 ou 100 € par mois... pour eux, c'est beaucoup. Je me suis dit que si je peux aider dix jeunes, je le fais, j'investis là-dessus. Il y en a qui sont intelligents, honnêtes, respectueux. Ils ont tout, mais ils peuvent rien faire. Je ne sais pas ce que cela va donner, mais je continue à le faire ».  Abonnez-vous à 100% création 100% création est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté.  Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI
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  • Jérémy Lucas, la préservation des océans avec imagination et innovation
    En lien avec la 3ᵉ Conférence des Nations unies sur l’Océan qui se tient dès demain et jusqu’au 13 juin, à Nice, l’innovation et l’engagement de Jérémy Lucas. Ce créateur hors normes repense le rapport à l’océan et à ses déchets. Sa marque Paradoxal Surfboards, basée en Bretagne, est spécialisée dans la réalisation de planches de surf écoresponsables fabriquées à partir de matériaux biosourcés issus de déchets marins, tels que les algues vertes d’échouage et les cordages recyclés. Avec sa planche de surf nouvelle génération, Jérémy Lucas veut réduire l’impact environnemental de l’industrie du surf tout en proposant des produits performants et esthétiques. Ces créations combinent savoir-faire et imagination avec la nécessité de préserver concrètement les océans. « Tout est beau dans le surf. On passe une bonne session, sur une belle plage, aux beaux couchers de soleil ! Le rapport au sport change, les questions d'ordre environnemental, pour notamment la nouvelle génération, c'est quelque chose qui est déjà ancré chez eux et dès le plus jeune âge. Nous commençons à voir des champions et des championnes, qui surfent depuis un petit moment, qui veulent tourner la page de cette vieille industrie du surf et passer à l'étape d'après. Nous sommes quelques " makers " en France et dans le monde, nous ne sommes pas nombreux, nous nous connaissons tous, via les réseaux sociaux, à être force de proposition, à travailler dans ce sens : d'essayer de participer à quelque chose de plus vertueux, de plus respectueux sur cette industrie », détaille Jérémy Lucas, fondateur de Paradoxal Surfboards« Paradoxal, au final, cela fait sens à tous les étages. Du paradoxe du surfeur, cette personne qui a cette conscience environnementale du fait de sa pratique, mais pas d'autre choix que d'utiliser du matériel fait à base de pétrole. Ce qui est paradoxal aussi, c'est le fait que nous utilisons un déchet trouvé dans l'océan, l'algue, qui est une non-désirable. Les algues, cela pue, colle et c'est moche. Venir sublimer ce déchet, lui apporter des lettres de noblesse à travers un design soigné d’un objet qui va retourner dans l'océan. Et l'autre paradoxe, c'est que, en fin de compte, moi, je ne suis ni designer, ni chimiste, je n'ai jamais stratifié une planche de surf de ma vie, il n'y avait encore pas très longtemps. Et pourtant, je propose un projet qui fait déjà parler dans l'industrie du surf. C'est assez paradoxal aussi. »Jérémy Lucas est originaire de Bretagne. Après un parcours académique en techniques de commercialisation, management de projet et entrepreneuriat, il travaille dans différents établissement publics, privé ou associatifs. Il se définit comme pluridisciplinaire, polycompétent et passionné de surf. Lors d’un voyage en Australie, Jérémy Lucas a l’idée d’utiliser les algues qui polluent les plages, comme matière première pour fabriquer des matériaux innovants et lancer son projet de planches de surf en matériaux recyclés et biosourcés. « Je me renseigne pour faire un bioplastique comme l'amidon de maïs, mais à partir de l'algue. Techniquement c’est possible, mais qu’économiquement et écologiquement parlant, c'est un non-sens. C'est comme recycler du papier, c'est-à-dire qu'aujourd'hui il vaut mieux faire pousser des arbres, les abattre et faire du papier avec, plutôt que de recycler du papier au coût énergétique énorme pour le faire. Il fallait, donc, que je trouve un autre acteur capable aussi de me renseigner sur comment travailler sur ces matières premières. »« Très rapidement, je me tourne vers des acteurs économiques, des industriels du coin qui eux, travaillent sur le sujet des algues vertes. Il y a une entreprise Olmix, à Bréhan, je suis parti à leur rencontre après plusieurs échanges et puis je leur ai demandé de me donner une vingtaine de kilos de leur matière première. à partir de cette matière première, je suis retourné voir le laboratoire et je leur ai demandé si je pouvais en faire du fil à impression 3D, comme techniquement c'est un petit peu compliqué parce qu’il fallait y rajouter un liant. Et c'est là qu'on me souffle une idée : ‘"Mais pourquoi pas se servir d'un autre déchet issu de l'océan ou des acteurs qui travaillent aussi dans le milieu maritime ?" Quand les bateaux reviennent après une course au large type Vendée Globe par exemple, tout ce qui est cordage est déclassé, cela ne sert qu'une fois. Nous pouvons tout à fait récupérer ce cordage fabriqué pour résister aux UV, à l'eau de mer, à la traction, qui a des bonnes propriétés mécaniques. Cette matière première est abondante en kilomètres, mélangé à la poudre d'algues vertes, nous avons réussi à en faire un matériau thermoformable en impression 3D. »Jérémy Lucas a remporté plusieurs concours internationaux, notamment, le premier en 2023, l’Ocean Pitch Challenge (un prix qui récompense les solutions à impact positif pour l’océan), l’année même où il lance sa marque Paradoxal Surfboards. Il a à cœur d’intégrer des matériaux durables pour remplacer ceux issus de la pétrochimie. Sa démarche écologique, responsable et innovante est adaptable à d’autres champ d’application. « Je suis davantage un militant plutôt que quelqu'un d'ultra compétent et de très ancré déjà dans le circuit de l'industrie du surf. C'est en partageant cette volonté de rendre cette industrie plus propre, que des gens qui se reconnaissent dans ces valeurs me font rencontrer des gens qui sont très intéressés sur ces sujets là. Il y en a divers. Il y a les méthodes de fabrication sur l'impression 3D, mais cela peut être aussi dans le cadre vraiment de l'industrie du surf, le cas de la revalorisation des matériaux et de l'économie circulaire. C’est pluridisciplinaire et c'est en même temps aussi, il faut faire preuve d'ouverture d'esprit. Il ne faut pas se fermer non plus à certaines propositions. Je ne m'interdis rien, je ne me mets pas de barrières sur certains sujets. Bien au contraire, je suis toujours ouvert à la discussion. Moi aussi, j'ai des croyances et peut-être certains blocages sur des sujets. Mais je suis toujours très ouvert et très curieux de nature. Le projet avance doucement d'une part, mais sûrement aussi. Il est validé avec de bons partenaires très techniques et c'est ce qui donne aussi du sérieux, de crédibilité au projet. Aujourd'hui, quand vous voyez l'ensemble des partenaires qui gravitent de près ou de loin autour du projet, cela donne du corps un peu au projet. »Au cœur du projet de Jérémy Lucas : la valorisation des déchets issus de la mer, qui deviennent une ressource précieuse pour la fabrication durable de matériel sportif. Un objet plus respectueux des océans mais pas seulement. « J'ai la chance d'avoir un oncle qui est le premier à avoir fabriqué des planches de surf à partir de fibres de lin, en remplacement de la fibre de verre. J'avais une planche qui n'était pas faite comme les autres et je peux vous assurer qu'à partir du moment où vous avez une planche qui n'est pas faite comme les autres, qui est assez exclusive, vous avez un rapport au sport qui est différent lui aussi. À partir du moment où vous avez quelque chose de différent sous les pieds ou sous le bras, vous allez avoir un rapport différent au sport. En plus de cela, quand c'est biosourcé, vous avez un autre rapport aussi à la nature. Cette expérience ne fait que renforcer le lien que vous pouvez avoir avec la nature et le sport. Le surfeur, l'amoureux de la nature, de l'océan et qui n'a pas d'autre choix que d'utiliser du matériel fait à base de pétrole. Là, l'expérience change, à partir du moment où on commence à surfer avec quelque chose de beaucoup plus éco-responsable et un objet chargé d'histoire. C'est cette émotion que j'aimerais retranscrire. Au-delà d'une œuvre d'art fonctionnelle 4.0, c'est l'expérience utilisateur ou l'utilisatrice qui m'intéresse beaucoup. J'ai hâte d'avoir les premiers retours clients utilisateurs sur l'expérience qu'ils vont avoir à l'eau avec ce genre de matériel. »En créant en 2023 Paradoxal Surfboards, Jérémy Lucas s’est lancé dans une aventure passionnante. Il collabore avec des laboratoires, des entreprises bretonnes, pour développer une impression 3D à partir d’algues, mais aussi de cordages de bateaux ou de filets de pêche recyclés. Ensemble, ils développent des matériaux composites, testent des mélanges, et fabriquent des prototypes. « C'est la partie recherche et développement, c’est-à-dire creuser le sujet, nous ne savons pas que c'est impossible de le faire. Alors nous y allons ! Nous tentons. C’est une expérience très enrichissante parce que partir de rien, c'est à dire moi à la base, je ne suis ni chimiste, ni ingénieur, ni designer industriel et je n’ai jamais fabriqué de planche de surf de ma vie. Quand vous partez d'une page blanche vierge, il y a tout à construire. Ce qui est intéressant c'est aussi c'est de déconstruire les a priori ou les croyances que nous pouvons avoir sur une manière de fabriquer des planches et de tout revoir. Revoir les matériaux, la manière de fabriquer les planches, les partenaires aussi. Travailler avec des industriels qui font de la farine animale à partir d'algues d'échouage, pour de la fabrication d'équipements sportifs nautiques. »«Tout cela fait avancer l’industrie du sport, fait naître de nouvelles idées. Plus je partage ce projet, plus cela crée de connexions. Ce projet ce n'est que du partage de connaissances et du faire ensemble. C'est très énergisant, énergivore quelque part aussi, mais très énergisant de se lever le matin en se disant que nous allons participer à rendre l'industrie du surf un peu plus responsable encore qu'elle ne l'est déjà, parce qu'elle l'est déjà, mais un peu plus responsable de nos océans et de leurs usagers par la même occasion. »Jérémy Lucas s’inspire des formes nanométriques d’algues, pour concevoir le design de sa planche de surf nouvelle génération à la fois performante et esthétique.« J'accorde une importance capitale au design. Cette planche a été designée avec une notion de bio-mimétisme, je me suis inspiré d'une algue diatomée, qui est une algue qu'on retrouve un peu partout dans le monde, mais à l'échelle nanométrique, avec ses formes concentriques. J'étais fasciné par ces formes. Et puis à l'échelle, cette fois-ci microscopique, j'ai vu que cela ressemblait à une planche de surf, je suis donc parti de ce constat pour devenir designer la structure en forme circulaire de la planche de surf. Nous avons ensuite, réfléchi à un système de sphères qui s'auto maintiennent les unes par rapport aux autres, nous avons donc une résistance mécanique très accrue du design visuel basé biomimétisme par la nature. Nous avons réussi à en faire une efficience structurelle, c'est à dire à utiliser peu de matière et avoir quelque chose de très solide et, donc, des planches très durables. »Avec Paradoxal Surfborads, Jérémy Lucas, souhaite fédérer une communauté engagée, promouvoir une pratique sportive respectueuse de l’océan, et inspirer d’autres industries à suivre cette voie écoresponsable. « Sans incriminer l'utilisateur final parce que souvent on a tendance à incriminer l'utilisateur final, mais ce sont les industriels qu'il faut pointer du doigt. Je veux dire quelque part aujourd'hui, les grandes marques, les très grandes marques, ont beaucoup plus de moyens que moi ! Peut-être pas la même volonté, mais plus de moyens techniques, humains et financiers afin de rendre l'industrie plus verte. Et ils ne le font pas ! Ils ne le font pas depuis des années parce qu'il y a un intérêt très fort économiquement derrière tout cela. C'est parfois là qu'il est le combat du militant. C'est de pouvoir faire un peu ce bras de fer : de montrer que même seul, je suis capable de faire mieux que les plus grands. Et quand je dis mieux, ce n’est pas vendre plus, faire plus de chiffre d'affaires, etc. C'est d'apporter beaucoup plus de valeur ajoutée à ce qui proposé à nos clients. »Abonnez-vous à 100% création "100% création" est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.  Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% CréationFacebook 100% Création-RFI
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Acerca de 100 % création

Mode, accessoires, décoration, stylisme, design. Dans la chronique 100 % création de Maria Afonso, RFI vous fait découvrir l’univers de créateurs. Venez écouter leur histoire, leur parcours, leurs influences, leur idée de la mode chaque dimanche à 04h53, 6h55 et 12h54 TU vers toutes cibles. 
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