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  • Nina Bornier fait rayonner la mode afro-occidentale avec N’Gantin By Nini
    Nina Bornier originaire de Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire a un parcours atypique mêlant droit, immobilier, gestion patrimoniale et mode. Elle a su conjuguer ses passions, valeurs et histoires pour créer la marque N’Gantin By Nini Nina Bornier a su transformer ses rêves en une marque de mode engagée. Elle mêle créativité, culture et engagement social pour faire rayonner la mode afro-occidentale. Nous l’avons rencontrée lors du rendez-vous annuel de la mode afro à Paris Ze Défilé, placée sous le thème « Défilé solidaire contre l’endométriose ». Une évidence pour cette créatrice qui prône des valeurs comme l’élégance, la simplicité, l’unicité, le luxe accessible et l’engament.Etre dans la mode, cela nous permet d'avoir confiance en soi, l'acceptation de soi, de ses origines, de son histoire. Ne pas avoir honte des valeurs de nos origines, de pouvoir transmettre, aussi, ce savoir, donc la mode est un vecteur de transmission de notre identité.Nina Bornier, créatrice de G’Nantin by Nini" G’nantin, c'est mon premier prénom africain, je n’ai pas vécu avec mon père et quand, à sept ans, je l'ai rencontré pour la première fois, je lui ai dit que je détestais ce prénom puisque je ne savais pas ce qu'il signifiait et il m'a dit : "Tu ferais bien de l'aimer parce qu'il signifie : 'l'avenir est radieux' et je sais que ce prénom va t'apporter ce que moi je n'ai pas pu t'apporter" parce qu'il n'était pas présent dans ma vie. Et depuis lors, j'ai chéri ce prénom. C'était important pour moi d'appeler cette marque G’Nantin, l'avenir est radieux et Nini, mon prénom, c'est Nina. Tous mes proches m'appellent Nini. G’Nantin By Nini cela fait GBN, ce sont mes initiales. G’Nantin, Bienvenue, je m'appelle Bienvenue, aussi, et Nina."Née à Yamoussoukro en Côte d'Ivoire, Nina Bornier a vécu au Sénégal, puis en France, elle a su conjuguer ses passions pour la mode et ses valeurs sociales. Cette femme engagée a suivi un parcours académique brillant en droit en Côte d’Ivoire et au Sénégal avant de se tourner vers le secteur immobilier et la gestion de patrimoine en France. Mais au fond d’elle, il y a toujours eu un rêve de petite fille. « Je suis arrivée en France en 2012, j'ai voulu continuer mon parcours juridique, mais je n'y ai pas trouvé ma place. J'ai dû reprendre des études dans la banque assurance et j'ai pu intégrer un grand groupe français. Je suis gestionnaire de patrimoine dans ce groupe en gestion privée. La passion d'enfant, le rêve de petite fille m'a m'a rattrapée puisque étant petite j'ai mon arrière-grand-mère qui était quasiment aveugle à 98 ans, qui avait sa petite machine, qui essayait de coudre et j'étais celle qui mettait les fils puisqu'elle ne voyait presque plus donc c'était vraiment passionnant. J'ai gardé cela. Etant à la fac, j'ai toujours dessiné mes propres modèles. En France, j'ai continué à dessiner mes modèles et à les faire concevoir par un couturier. Cela plaisait, cela plaisait à mes collègues, même à ma clientèle. j'étais surnommée "le rayon de soleil" parce que c'était vraiment très, très, très coloré. »En 2021, lors d’un voyage au Togo, Nina Bornier décide de lancer sa marque G’Nantin by Nini, alliant ses racines africaines et son expérience occidentale. « L'histoire avec le Togo est une histoire particulière parce que lors d'un voyage au Togo, j'ai eu un gros coup de cœur pour ce pays. Je suis originaire de Yamoussoukro. Je suis très stressée quand je suis dans les grandes métropoles. Quand je suis arrivée au Togo, j'ai été marquée par ce côté humain. Il n'y a pas d'embouteillage ou presque pas. On peut aller voir les amis comme on veut, quand on veut. Il y a ce rapprochement qui n'a rien à envier aux grandes métropoles. Cela m'a marquée. J'ai trouvé mon identité dans cette culture togolaise, dans l'accueil que j'ai reçu aussi des Togolais. J'ai décidé de poser mes valises et j'ai créé mon entreprise au Togo. J'ai mon propre atelier de production. J'ai une équipe qui travaille avec moi. J'ai le siège social de G’Nantin by Nini à Lomé, au Togo. Aujourd'hui, j'ai vingt collaborateurs, quinze en CDI et cinq prestataires permanents qui sont au Togo et en France qui travaillent autour de la marque. Je ne suis pas seule. Je suis la directrice de création. À mes côtés, j'ai mon frère également. On tient de notre maman le dessin parce que maman aussi était très bonne dessinatrice, ce côté artistique."Il y a une dimension sociale et un engagement solidaire derrière G’Nantin by Nini. « J'ai voulu allier le côté création et le côté social. J'ai toujours été lors de mes voyages en Afrique, fait des journées dans des orphelinats et moi-même étant orpheline de père et puis ma mère qui a été très jeune veuve et j'ai voulu en fait leur donner un métier. C'est-à-dire que, au fur et à mesure, j'ai embauchée depuis ces orphelinats pour pouvoir les insérer dans la société, dans notre entreprise, pour leur apprendre un métier. Cela peut aller du métier de manager, au métier de chauffeur, couturier, modéliste ou stylisme. C'est un engagement fort et j'y tiens. J'y tiens parce que je me dis au lieu de donner à manger à une personne, autant lui apprendre à pêcher. C'est mon maître mot. Aider les jeunes veuves à pouvoir se réintégrer dans la société parce que malheureusement, quand on perd son époux et qu'on n'arrive pas à retrouver un boulot parce qu'on n'a pas de qualification ou même parce qu'on est rejeté par la société. C'est de permettre à ces jeunes veuves de pouvoir avoir confiance en elles, de pouvoir se reconstruire, de pouvoir mettre de l'argent de côté. C'est l'éducation financière aussi derrière, de mon métier de gestionnaire de patrimoine, donc l'éducation financière pour pouvoir se reconstruire, créer de l'épargne pour pouvoir faire des projets, payer les études des enfants. Pour moi, c'est important de pouvoir redonner confiance à cette population. "Nina Bornier a plusieurs vies : assurance, gestion de patrimoine et créatrice de mode. C’est principalement le soir, dans un cadre familial, qu’elle dessine en s’appuyant sur ses observations, ses rencontres, ses expériences quotidiennes et ses souvenirs. L’histoire personnelle joue aussi un rôle central dans la conception de ses collections et son processus créatif.« Le processus créatif prend le dessus à tout moment. Je fais beaucoup de route de par mon métier d'assureur et pendant que je conduis dans la voiture, je veux avoir des inspirations la nature. La nature est le maître mot de cette marque. Cela m'inspire et je vais noter. Le soir, dès que je couche mes garçons, je me mets dans un coin au salon et je dessine. Je prends le crayon, e papier et je mets ce que j'ai vu dans la journée mes inspirations, les couleurs, les odeurs, les gens que j'ai rencontrés. Les histoires aussi. En tant qu'assureur et gestionnaire de patrimoine, en une journée, je traverse tous les univers. Tout cela m'inspire. Et je vois également la mode, comment les femmes s'habillent, comment les hommes s'habillent, comment, de par la culture, de par leur origine, leur histoire. Cela m'inspire. Le week-end, à la maison de campagne, au coin de la cheminée, j'ai un fauteuil où je crée mes croquis. »Les vêtements de G’Nantin by Nini reflètent la volonté d’allier l’Afrique et l’Occident, notamment à travers le choix des matières comme la soie, le pagne baoulé, pagne traditionnel de Côte d'Ivoire, coton et la production locale au Togo. Nina Bornier aime les matières faciles à vivre. « J'aime travailler la soie. Je suis très soie, viscose pour tout ce qui est tissus européens et je prends également des tissus qu'on appelle des pagnes baoulé, des pagnes tissés d'où je suis originaire de la région de Yamoussoukro. Donc je crée moi-même mes motifs et je soumets aux artisans. Nous choisissons les fils ensemble. Le tissage est fait en Côte d'Ivoire, dans ma région. Le pagne baoulé, c'est très beau. Ce mélange avec le tissu dit occidental, ça fait un rendu qui est magnifique et qui vient aussi apporter ce côté afro occidental que je prône. Je choisis ces tissus à Yamoussoukro, dans la région de Yamoussoukro. Au niveau de l'Europe, je vais à la rencontre de mes partenaires. Nous créons les motifs ensemble, je crée mes motifs, nous faisons des prototypages jusqu'à ce que je sois satisfaite du résultat et du rendu. J'aime les matières fluides et faciles à porter parce que je suis une femme active. Porter des matières qui sont respirables, qui permettent d'être à l'aise dans sa journée, être dans son plus beau jour du matin jusqu'au soir, avoir confiance en soi.  Je vais, donc, partir sur ces matières principalement pour que les vêtements que je vais produire puisse être fluides et  apporter cette élégance. Mais l'élégance, cela passe aussi par être bien dans le vêtement, mais dans le tissu également. » Retrouvez tous les épisodes de 100% Création sur :  Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.  
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  • Olivia Mangue, l’élégance africaine et européenne qui fait bouger les lignes
    Olivia Mangue, designer de mode et entrepreneuse gabonaise, a un parcours atypique qui l'a menée de la couture familiale à la création de sa marque, MOA Création. Nous l'avons rencontrée lors de la dernière édition du Yas Fimo 228, où elle a présenté une collection intitulée Élégance Résiliente. Cette collection aux teintes de blanc, noir, rose et orange symbolise l'espoir, la force et la détermination dans la lutte contre le cancer. Les vestes, pantalons et jupes ornées de raphia et de perles ajoutent une touche artisanale. Olivia Mangue rend ainsi hommage à la résilience des femmes et en participant à la 12ème édition du Yas Fimo 228 de Lomé, un monde sans cancer, la fondatrice de MOA Création sensibilise également le public à la lutte contre le cancer.La création est à la première place. Je suis vraiment à fond dans tout ce qui est mode et je peux dire que cela prend une place importante parce qu'aujourd'hui, personnellement, la création cela passe avant tout.Olivia Mangue, designer de mode et fondatrice de la marque MOA Création : « L'histoire qui est derrière le nom de la marque, c'est mon histoire parce que MOA c'est mon nom et mes deux prénoms, donc Mangue, Olivia, Apolline. Cela veut aussi dire Model of Africa. »Olivia Mangue est née à Libreville, au Gabon. Elle a exercé en entreprise dans le domaine des ressources humaines, mais passionnée par la mode dès son enfance et le mannequinat à son adolescence, quand elle décide de se lancer dans l'entrepreneuriat, elle choisit de vivre de sa passion : la mode. La créatrice gabonaise installée à Brest, en Bretagne, dans le nord-ouest de la France, a été influencée par sa mère couturière. « Ma mère est couturière, j'ai appris la couture avec elle quand j'étais toute petite. J'ai aussi appris un peu toute seule, en autodidacte. Et depuis l'année dernière, je fais une école de mode à Paris. Je suis à la Couture Brigade où j'ai appris le modélisme et la couture, cette année, je suis en année de stylisme. Un vêtement de luxe avec des finitions de luxe, c'est complètement différent. Ce n’est pas le même univers. Quand je me suis lancée, je faisais des vêtements sans pour autant prêter attention aux finitions. Chose qui est très importante. En faisant cette école, justement, j'ai pu acquérir ces compétences, notamment sur des finitions à la main, avec des coupes. C'est vraiment important. C'est bénéfique pour moi parce que je vais emmener la marque dans un autre niveau. J'ai décidé de lancer MOA Création comme je confectionnais des vêtements pour moi et mon entourage appréciait ce que je faisais. À chaque fois, ils me demandaient "tu as acheté ce vêtement où ?" Je répondais : "c'est moi qui l'ai dessiné et confectionné." C'est comme cela que je me suis dit "pourquoi ne pas sauter le pas et m’y mettre à fond ?" C'est ainsi que j'ai créé MOA Création », raconte-t-elle.En autodidacte, Olivia Mangue explore la couture et développe ses compétences. Elle s'inspire des années 80 etpropose l'union de l'élégance africaine et européenne. Gabon, Côte d'Ivoire, France, Sénégal ou Ghana. La créatrice gabonaise veut faire connaître son travail au plus grand nombre. Mais c'est à Abidjan qu'elle a ouvert son atelier.« Je travaille beaucoup avec des artisans locaux, notamment en Côte d'Ivoire, parce que j'ai une demande de clientèle qui ont des robes assez spécifiques, donc, il faut faire des tissus sur mesure dans les ateliers, en Côte d'Ivoire. C'est beaucoup de bouche à oreille, puisque les autres stylistes veulent tout garder pour eux. C'est compliqué de tomber sur de bons artisans. Aujourd'hui, j'ai un bon réseau au niveau de la Côte d'Ivoire, ce n’est pas mon pays, c'est vrai, mais j'ai beaucoup plus d'opportunités dans ce pays que chez moi. Après, au niveau de la demande, plus la demande est grande, plus nous avons du mal à suivre pour la production parce que les quatre couturiers travaillent individuellement. Je suis en train d'essayer de m'orienter un peu à l'étranger. Notamment en Turquie pour la confection des tissus directement avec les designers, afin de l’expédier dans l’atelier en Côte d'Ivoire pour que cela soit fait sur place », explique-t-elle.Le succès entraîne également des défis de production, notamment lors de collaborations. La demande croissante pour ses vêtements a mis en lumière la nécessité de renforcer la chaîne de production de MOA Création pour répondre aux attentes. « J'avais collaboré avec une coach très influente sur les réseaux C'était ma première collaboration, le plus gros défi, c'était de répondre à la demande. Je pensais avoir quelques commandes, mais c'était énorme ! Il y avait tellement de demandes que je n'ai pu répondre qu’à une partie. Elle avait porté l'une de mes créations et j'avais eu tant de demandes que je me suis retrouvé vraiment à court de pouvoir produire. Les quatre couturiers, à l'atelier, ne sont pas assez efficaces pour pouvoir répondre à une telle demande, surtout s'il faut expédier assez rapidement. Il faut remédier à ce problème en travaillant sur ce point-là pour l’améliorer à l'avenir », affirme-t-elle.Olivia Mangue lance MOA Création en 2020, une marque avec laquelle elle cherche à redonner confiance aux femmes. « MOA Création, c'est une marque qui veut valoriser le continent africain. C'est pour cela que c’est aussi Model of Africa. Aujourd'hui, nous ne sommes pas reconnus dans le milieu de la mode en Europe. Pour avoir participé au défilé à Paris, par exemple, il n'y a pas beaucoup de designers, beaucoup de créateurs africains. Pour moi, les valeurs de MOA Création c'est de mettre en avant la mode africaine et aussi d'accompagner des femmes. Des femmes, par exemple, qui n'ont pas confiance en elles, qui aimeraient avoir confiance en elles. Parce que dans ma formation, je suis aussi des cours de stylisme pour pouvoir relooker des femmes qui ont perdu confiance en elles et qui aimeraient rebondir », précise-t-elle.Olivia Mangue aspire à former de nouveaux talents en Afrique en maintenant des standards de qualité élevés et à faire évoluer l'industrie de la mode sur le continent. « Moi, mon but, c'est de former d'autres personnes, parce que je me dis que si j’acquière quelque chose de bon, c'est mieux aussi de l'enseigner à d'autres. J’ai MOA Création, mais à la longue, avec les formations que je ferai, puisque je vais en faire d'autres, ce serait pour former des jeunes en Afrique. Afin d’arriver à un niveau avec lequel nous pourrions avoir des usines de fabrication comme en Turquie ou en Chine. En Afrique, il n'y en a pas ou presque pas. Tu as des petits ateliers où tu as quelques personnes, mais des usines de fabrication, il n'y en a pas. En Afrique, il y a des formations avec lesquelles tu vas chez un couturier, tu vas apprendre à couper un tissu. Tout le monde peut le faire, mais faire un vêtement prêt à porter haut de gamme, je ne pense pas. Parce que cela demande une rigueur et des finitions différentes qu'un vêtement prêt à porter que tu vas retrouver dans la moindre boutique du quartier. C'est cette culture que nous n’avons pas encore vraiment en Afrique. Mon objectif, ce sera à la longue justement de former ces personnes pour que nos créations puissent se retrouver un jour sur des plateaux, sur des tapis rouges, à Paris ou ailleurs dans le monde », détaille-t-elle.Retrouvez tous les épisodes de 100% Création sur :  Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.
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  • Catherine Romand, rotinière et vannière d'art, tresse la matière
    L'événement international des Journées européennes des métiers d'art (JEMA) est dédiée à la valorisation de ces métiers. La 19ᵉ édition s'achève ce dimanche 6 avril 2025. L'ouverture des ateliers d'artisans et des établissements de formation permettent au grand public de découvrir les coulisses de ces métiers souvent méconnus, comme celui de Catherine Romand, rotinière et vannière d'art. Elle a été récompensée par le prix Liliane-Bettencourt dans la catégorie « Dialogues » pour son œuvre Tresser l'ombre, une ombrière préparée en osier, conçue en collaboration avec la designer Clémence Althabegoïty. Une association audacieuse, tournée vers l'avenir. « La vannerie, c'est aussi un art de vivre. Parfois, je n'ai pas de week-end, je travaille jusqu'à 8, 10 heures et même des fois 11 heures, le soir. Mais il n'y a pas de contraintes. Nous avons une liaison avec la personne, le designer ou l'architecte d'intérieur, nous savons qu'elle attend et nous voulons surtout lui faire plaisir. Je suis capable de passer des heures comme cela. Par contre, quand je fais ce que j'ai envie d'avoir, que je travaille pour moi, je verrai, si cela plaît », explique Catherine Romand, rotinière et vannière d'art.  « La différence entre l'osier et le rotin ? Je vais déjà l'expliquer, parce que beaucoup de gens ne le savent pas. L'osier, c'est le rejet de l'année du saule. C'est quelque chose que nous cultivons et c'est cultivé en France. Par contre, le rotin, c'est un palmier rampant qui vient forcément un petit peu d'Afrique, mais principalement d'Indonésie. Il y avait 40 000 vanniers au début du siècle dernier, puis 20 000 rotiniers. Et aujourd'hui, nous sommes peut-être trois rotiniers en France. Rotinière et vannière, je suis unique », poursuit-elle.Catherine Romand est née dans le territoire de Belfort, dans l'est de la France. Première femme diplômée de l'école de vannerie en ameublement rotin, elle a commencé sa carrière à 16 ans. Sa rencontre avec la matière a révélé sa dextérité manuelle et sa créativité : « J'ai tellement fait de vannerie. Quelque part, il manquait quelque chose dans mon âme. Donner de l'âme sur des formes extrêmement pures. Je suis plutôt partie un peu sur les lignes pures. La vannerie, c'est quelque chose que vous voyez, qui fait partie de votre vie, qui peut se mettre un peu n'importe où, qui a sa présence. Mais ce n'est pas la pièce principale. Les sculptures, il faut que ce soit la pièce principale, parce qu'il y a tellement de couleurs, de mouvements. C'est un peu comme une peinture. Des lignes pures, c'est quelque chose qui donne la matière noble de l'osier pour moi, mais qui s'intégrera partout et qui fera de toute façon du bien à tout le monde. Pour moi, c'est cela, reprendre des points de travail très anciens par exemple, et qui arrivent à faire quelque chose de très contemporain. J'adore cela. »Avec plus de 40 ans d'expérience, Catherine Romand est reconnue pour ses pièces uniques, allant de créations utilitaires à des sculptures monumentales avec des techniques ancestrales. « Si vous êtes vannier, vous lisez. Un panier, c'est comme un livre. Une sculpture, c'est comme un livre. Vous regardez la pièce et vous savez comment c'est construit et vous pouvez reproduire. Mais tout ce qui est travail cousu, c'est déjà une utilité qu'il y a en ameublement-rotin. Nous avons des points de travail qui sont en correspondance avec la vannerie japonaise. J'essaye de ne pas m'inspirer des autres. Je peux lire ce que je sais faire. Alors, je vais faire à l'identique ce qui existait ; ce qui a été fait pour les autres, mais je n'y mets pas mon nom. Nous avons retrouvé les mêmes techniques dans des vestiges archéologiques. Ils utilisaient déjà les mêmes points de travail. Je n'ai pas inventé du tout de point de travail. Je modifie les formes et les volumes en utilisant le savoir-faire. Je ne suis pas quelqu'un qui invente des points de travail. J'en ai faits, j'en ai développés. Mais à l'origine, je le dis, les hommes en peaux de bêtes, ils les avaient déjà. »En tant que femme dans un métier historiquement exercé par les hommes,Catherine Romand insuffle unedimension de mouvement, légèreté et féminité à ses créations  : « Par exemple, j'ai fait de la danse classique. Mes sculptures, ce sont des danseuses, mais ce n'est pas du tout figuratif. Ce sont des mouvements de danse, comment le corps se met... Et j'arrive à le faire en sculpture. Lors d'expositions, des gens venaient caresser les hanches et le bas du dos alors que ce n'était ni hanches, ni bas du dos. Je ne sais même pas s'ils ont vu que c'était une femme, parce que ce n'est pas du figuratif ! Dans tout ce que j'ai appris en vannerie pendant mes 25 premières années, j'ai voulu mettre de la féminité, de la rondeur, trouver quelque chose qui ramène beaucoup de féminité. »La rotinière-vannière d'art travaille l'osier et le rotin, des matériaux vertueux, durables et capables de répondre aux défis environnementaux. Catherine Romand cultive son propre osier, afin de garantir la qualité de sa matière première : « Nous ne sommes jamais mieux servis que par nous-même. Quand je travaillais dans l'usine à paniers, il fallait passer ''coopérateurs''. Les coopérateurs cultivent de l'osier. Il est bien plus facile d'avoir sa matière première que d'en chercher quand il n'y en a pas. Quand vous avez quelqu'un qui vous commande quelque chose et que vous n'avez pas l'osier, vous êtes obligés d'aller le trouver, et ce n'est vraiment pas si facile. C'est notre dernière année de culture, mais il y a un jeune de 34 ans qui prend la relève. Et j'ai même acheté du terrain en plus pour qu'il s'agrandisse, parce que lui n'est pas vannier. Il va faire la culture, mais cela fait déjà des années qu'il travaille avec nous. Nous cédons des terrains en pleine production. C'est génial, nous savons que nous en aurons toujours. »Former les nouvelles générations est l'un des défis que représente la passation de ce savoir-faire traditionnel. Impliquée dans la transmission, Catherine Romand forme de jeunes artisans et songe à aller plus loin : « Je peux vous parler de cela. Mon petit rêve à moi, c'est de monter une formation complémentaire de ceux qui ont eu les fondamentaux, pour aller plus loin : "Tu as cela à faire, comment fais-tu ? Comment tu fais ton gabarit ? Où est-ce que tu vas mettre ? Pourquoi tu enlèves cela ? Pourquoi tu vas serrer les montants à ce moment-là ? Ou pourquoi tu les prends plus larges parce que tu refermes ?'' J'ai vraiment envie d'apprendre aux autres. Quand nous commençons quelque chose de précis, il faut toujours penser comment nous allons finir. Pour une sculpture, je ne le fais pas parce que je ne sais pas où je vais. L'osier, c'est géant. »Avec son ombrière tressée en osier, la vannière Catherine Romand et la designer Clémence Althabegoïty ont uni leur savoir-faire pour imaginer un objet aussi futuriste que poétique et qui a obtenu le prix Liliane-Bettencourt pour l'Intelligence de la Main « Dialogues » 2024. Une belle récompense pour Catherine Romand : « Magnifique ! Ce prix, c'est waouh, parce qu'il y a plein de prix qui sont égarés, et celui-là, il ne l'est pas. Pour moi, de l'avoir, ce n'était pas possible ! À force de dire ''non pas la vannerie, pas la vannerie'', mais c'est fait ! Mais merci, merci pour la vannerie. Franchement, je ne saurais pas trop que dire de plus. Enfin, vous retrouver devant des gens qui respectent votre métier, votre savoir-faire, cela fait plaisir. »Dans un monde où l'artisanat se heurte à la production de masse, Catherine Romand redéfinit la vannerie en mêlant techniques traditionnelles et esthétique contemporaine. De la simple corbeille aux sculptures monumentales, ses créations témoignent d'une maîtrise exceptionnelle de l'osier : « Vous arrivez le matin dans votre atelier. Vous commencez quelque chose, vous n'avez rien. Vous avez juste des brins d'osier. Et là, vous commencez. Le fond. Les montants. Et c'est fini. Je peux démarrer quelque chose sans savoir comment je vais finir. Et c'est génial. Je fais des sculptures qui font jusqu'à 2,80 mètres de haut. Je commence. Puis, au bout d'un moment, des fois, je peux partir pendant une demi-heure parce que je vais me faire un thé, il faut que je me pose. Je regarde et là, j'ai compris. La forme est faite dans le tressage, elle n'est pas faite avec un coup de genou mis dedans pour le tordre, parce que l'osier n'est pas extensible. Si vous voulez creuser quelque chose, il faut l'emmener dans le tressage. Mais il faut savoir comment votre osier va vous y emmener. »« C'est toute une harmonie, mais c'est un truc. Cintrer l'osier avec les mains pour qu'il prenne le mouvement. Il revient, il faut le maintenir. C'est le tressage, c'est l'entrelacs qui va réussir à le maintenir là où vous voulez qu'il soit. Vous l'assouplissez pour qu'il aille là où vous voulez qu'il aille, et puis, vous le poussez tout en travaillant. C'est comme cela que nous arrivons à faire des formes, à monter sur des hauteurs que nous voulons. Enfin, que nous pouvons, car l'osier a ses limites de hauteur. »Retrouvez tous les épisodes de 100% Création sur :  Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.  
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  • Sofiane M'Sadek, artiste et souffleur de verre, explore la mémoire
    Les Journées européennes des Métiers d'Art (JEMA) représentent la plus grande manifestation internationale dédiée à la valorisation des métiers d’art. Cette année, l'édition se déroule du 30 mars au 6 avril 2025. Cet événement européen est une occasion unique de rencontrer des artisans passionnés, de comprendre leurs techniques et de se plonger dans leur univers créatif. Nous avons rencontré Sofiane M'Sadek au MusVerre, un musée dédié au verre, situé dans le nord de la France. À travers des installations colorées et poétiques, Sofiane M'Sadek cherche à établir un lien avec le public. Le verre, loin d'être un simple matériau, devient, pour lui, une porte ouverte sur des mondes intérieurs, une invitation à explorer la mémoire collective. Un voyage sensoriel : « J'ai toujours été touche-à-tout, et quand j'ai vu le premier cueillage, notre première prise de matière, dans le four pour le verre, je devais être là, à ce moment-là. La gestuelle, la chaleur... J'ai beaucoup de mal à poser des mots là-dessus, mais c'est mon ressenti sur le moment. »Sofiane M'Sadek est artisan verrier et souffleur de verre : « En tant qu'artiste, j'aime beaucoup faire par moi-même. Pour le verre, c'est très particulier. Il faut de la technique. Ma spécialité, c'est le soufflage à la canne. »Sofiane M'Sadek est né à Paris et a grandi en banlieue parisienne. Après avoir obtenu son baccalauréat, il s'oriente vers des études de cinéma et découvre l'art vidéo. Ce coup de cœur pour l'art l'amène aux arts-déco de Strasbourg, où il s'initie au travail du verre. Passionné par la gestuelle et la chaleur du verre, Sofiane développe son propre style artistique, mêlant technique et créativité. Actuellement installé à Nantes, il travaille dans un atelier tout en menant des projets personnels et des résidences artistiques comme celle au MusVerre, le musée dans le nord de la France dédié à l'histoire du verre.« Des fois, je rentre chez moi et je travaille à partir de chez moi, avec des outils comme une dremel (un outil) pour scier le verre, découper. Je l'utilise beaucoup sur certaines pièces, je fais beaucoup de découpes à la dremel, et je peux le faire de chez moi. Je sors de l'atelier, j'ai "mangé" du verre, je rentre chez moi, je "mange" du verre ! La location d'un atelier, c'est une grosse charge financière. Les résidences comme celle-ci, c'est très bien pour de jeunes artistes. On peut s'exprimer, louper, refaire... Quand je loue un atelier comme je l'ai déjà fait, la commande est déjà engagée. Le client me commande une pièce ou me laisse libre de mon choix à la création. Il me faut quand même un petit croquis parce que j'aime bien que ce soit très organisé. À partir de là, je sais que j'ai la commande et je peux me permettre de louer l'atelier. Il y a toujours un risque, mais il est réduit. »Le parcours atypique de cet artiste et artisan verrier le place à la croisée des chemins entre art, design et artisanat. Ses œuvres explorent des thèmes de mémoire : « Je m'exprime à travers le verre. Je n'ai pas forcément de message, mais si la personne arrive à plonger dans mon univers et qu'elle raccroche des souvenirs, son vécu à mes pièces, c'est que j'ai ''gagné''. Je n'ai pas vraiment de message, je fais plus de l'art pour m'exprimer qu'autre chose. Il y a beaucoup de mémoires dans le corps, de manière générale, autant pour la réalisation que dans l'aspect final, le cerveau et tout. Je travaille beaucoup sur la mémoire, mais sur moi-même en fait. Tout ce que nous gardons en mémoire depuis toujours, ce que nous avons vécu, c'est ce qui détermine la personne que nous sommes à l'instant T. C'est peut-être cela que je recherche, à pouvoir exprimer un peu de moi-même. J'essaye de me cacher derrière mes pièces et juste dire qu'elles existent par elles-mêmes. L'important, ce n'est pas moi. Le plus important, c'est que les gens regardent et, si possible, qu'ils plongent dedans et qu'ils me disent ''cela m'a fait penser à quelque chose''. C'est très bien que cela évoque un souvenir ! »La technique de soufflage à la canne est au cœur de son travail. La chaleur du four, la fragilité du verre, envoûtent et fascinent Sofiane M'Sadek. « Il faut être concentré. Quand tu prends la canne, tu sais que si la pièce dure cinq heures, ton esprit n'est que là pendant cinq heures. Les petites pensées parasites, cela peut vite déraper. Enfin, quand je dis ''déraper'', c'est que je peux rater la pièce. C'est intense niveau concentration. Il y a la matière au bout de la canne, mais aussi les gens avec qui ont travaille. On peut avoir un assistant ou une assistante, en avoir plusieurs, mais celui qui est sur le banc reste le chef d'orchestre. Il va donner les indications quand il faut souffler, comment il faut chauffer. On gère un peu tout en même temps. Après, à force de travailler avec la même personne, il y a aussi une complicité qui se met en place. Et sans parler, nous savons ce que nous devons faire.  Avec l'expérience de la matière, nous savons à quel moment comment faire. »Son processus créatif, Sofiane M'Sadek le puise dans ses souvenirs et son dialogue avec la matière : « L'image mentale, je fonctionne beaucoup comme cela. Après, forcément, elles vont se modifier un peu dans le monde réel. Mais je fonctionne beaucoup comme une photographie mentale. J'ai plutôt la tête qui vagabonde toute seule (rires). Cela peut être une discussion avant d'aller dormir aussi, au moment où on est entre le sommeil et le réel. Je parle beaucoup de réel et d'imaginaire, c'est tout mon travail, mais je reste ouvert. Je peux avoir une discussion et mon cerveau va un peu décrocher. Je vais penser à autre chose pendant quelques secondes et me dire ''hé, c'est pas mal''. Je stocke cette idée que je peux réaliser plus tard. Par contre, je la modifie, pour des aspects aussi physiques, avec la matière, parce que le verre, en tant que matière, a ses limites, on ne peut pas la contraindre non plus. Je joue avec elle aussi. C'est un dialogue avec la matière. Il y a aussi l'aspect financier. »Le verre est pour ce verrier une matière aussi fantastique que fascinante qui l'invite à l'échange : « C'est une discussion. Le verre discute comme il veut (rires). Tout le monde le voit de manière fragile, mais il peut être aussi très dur. Il y a aussi de la légèreté, il peut être fragile et avoir une pérennité dans le temps aussi, mais en un instant, il peut disparaître. Enfin, la pièce peut disparaître. Je crois que c'est un mélange de tout qui m'intrigue un peu. Je suis curieux et cette matière est magique. Tout le monde connaît la matière, mais personne ne la connaît vraiment. Lorsque l'on s'achète un verre dans le commerce, c'est juste un objet. Techniquement, j'ai autant envie de réussir à faire un gobelet que faire une pièce d'art ou une installation, ou partir dans de l'abstrait ou du très concret millimétré au compas. C'est cela qui est intéressant avec cette matière, elle offre un panel très large de possibilités. »Retrouvez tous les épisodes de 100% Création sur :  Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.         
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  • Anaïs Lefèvre, entre art et récupération, sa vision du travail du cuir
    Anaïs Lefèvre est une maroquinière tournée vers l’éco-responsabilité. En utilisant des chutes de cuir, elle donne vie à des sacs uniques et des bijoux en cuir et argent. Elle fabrique ces objets à la main en petites séries ou en pièces uniques. Avec son passé dans la restauration d'œuvres d'art, cette maroquinière, en utilisant des matériaux récupérés et revalorisés, concilie savoir-faire artisanal et respect de l'environnement.  Être un exécutant, ce serait très réducteur. J'ai besoin de ne pas faire les mêmes tâches répétitives, quoique je le fasse quand je fais des séries, ce qui est parfois très reposant. Mais je ne pourrais pas du tout faire tout le temps la même chose ou faire ce qu'on me demande de faire, sans avoir ma part de créativité.Anaïs Lefèvre, maroquinière « Cela a commencé avec les surnoms de mes enfants, Maloute et Zazouille, et j'ai eu envie de garder l'histoire de ces deux surnoms. Et donc MZ création reprend les initiales des surnoms, qui ne sont pas les noms de mes enfants. » Née dans les Yvelines, en Île-de-France, Anaïs Lefèvre a grandi dans un environnement artistique, avec un père architecte et un grand-père artiste peintre. Elle s’oriente vers un baccalauréat littéraire option arts, puis des études de graphisme avant d'intégrer les Beaux-Arts. Après son diplôme, elle travaille dans la restauration d'œuvres d'art, pour des musées, galeries ainsi qu’une grande maison de luxe. Touche-à-tout, elle développe un savoir-faire pointu en restauration cuir, textile, bois. En 2011, sa passion pour le cuir l'amène à fonder sa propre marque, MZ création, une marque d’accessoires à la démarche éthique.« J’ai travaillé dans le luxe avant, et cela m'a donné envie de réutiliser ses chutes, avant même que cela soit dans l’air du temps. Mais aujourd'hui, les gens y sont de plus en plus sensibles, mais pour moi, cela a toujours été très important. Le cuir, c'est un matériau polluant dans sa transformation, je n'avais pas envie d'être un maillon de la chaîne de la fabrication. Je préférais être dans la récupération et non pas dans la commande. Cela crée des contraintes parce que des fois, je ne vais pas trouver de cuir, des contraintes de couleur, mais qui me plaisent finalement parce que c'est avec la contrainte que je suis obligée d'être plus réactive et plus créative. » La créatrice a su transformer ses études artistiques et son expérience professionnelle en une reconversion heureuse dans la maroquinerie. « Pour moi, cela avait du sens de retourner à la création. Dans la restauration, il y a un côté très limitant, très répétitif aussi. L’envie de créer est revenue. Ayant déjà travaillé dans le luxe, je me rendais bien compte de cette surconsommation et surproduction. Donc très vite, je me suis démarquée en travaillant avec des chutes de maisons de maroquinerie de luxe. Je trouvais intéressant de devoir se réinventer tout le temps. J'ai l'impression d'être tout le temps dans la création, même si j'ai créé des modèles et que je travaille sur différents formats. Je fais des collections en fonction d'un modèle. Mais comme je suis obligée à chaque fois de coordonner mes cuirs et mes doublures intérieures, j'ai l'impression d'être dans la création tout le temps ! Le parcours que j'ai suivi, mes études, aujourd'hui, dans les assemblages de couleurs que je vais faire, je retrouve les cours de couleurs que je faisais, ce que j'ai pu apprendre en graphisme, en design, sur les assemblages et après ce que j'ai pu apprendre aux Beaux-Arts, m'a aussi servi. J’ai l'impression d'avoir une culture générale plus assise que si je m'étais contentée d'être juste ouvrière maroquinière. J'ai l'impression que cela fait sens. »Anaïs Lefèvre utilise des matériaux provenant d’une association qui récupère et valorise les rebuts ou chutes des maisons de maroquinerie de luxe afin de soutenir une approche durable. « Je travaille avec un groupe qui s'appelle la Réserve des Arts, c’est une association qui collecte les chutes de plein d'entreprises différentes et notamment dans le cuir. Je travaille avec eux depuis très longtemps puisque j'ai même travaillé chez eux en tant que "valoriste", j'allais collecter. Je travaillais aussi avec des mégisseries, ce sont des endroits qui récupèrent eux-mêmes des fins de séries de tannerie qui n'ont pas été vendus et qui ont donc une grande diversité de peaux. C'est compliqué de se faire un carnet d’adresses de fournisseurs, donc cela m'a demandé un peu de temps, car j'attache beaucoup d'importance à avoir du cuir de France ou d'Italie. »Inspirée par la nature, les formes géométriques et les couleurs, Anaïs Lefèvre rejette les tendances éphémères dans ses créations. « J'essaye de ne pas du tout m'inspirer des tendances parce que ça ne m'intéresse pas. Il y a plein de gens qui font du sac à main, je n’ai pas envie de faire la même chose que les autres, donc j'essaye d'être très intemporelle et d'être juste guidée par mes envies et ce que j'aime. Cela va être les couleurs qui me plaisent du moment, beaucoup la nature et les formes géométriques, qui étaient déjà très présentes dans mes créations en tant qu’artiste aux Beaux-Arts, j'avais un côté végétal et géométrie. »Dans un souci de respect des matières et au-delà de ses créations, la maroquinière propose des restaurations/réparations. « Je me sers de ce que j'ai fait avant, donc je répare aussi beaucoup. Cela me plaît beaucoup parce que cela a du sens pour moi. Le fait de restaurer, de réparer, je trouve cela intéressant parce que les gens ont des pièces auxquelles ils tiennent beaucoup et moi, je vais leur redonner une seconde vie. Dans la société dans laquelle nous vivons, cela me plaît d'être là-dedans. Je répare beaucoup, je restaure, cela me demande une gymnastique intellectuelle complètement différente par rapport à la création, cela me stimule ! Quand je fais de la fabrication, j’optimise au maximum ma matière première. Je vais utiliser la moindre chute pour faire un bijou, une ceinture, un accessoire. Je fais de la formation, les gens viennent fabriquer leur propre sac, mais aussi de la formation professionnelle où les gens viennent se former chez moi. Ces trois grandes lignes me plaisent et font que je suis accomplie. Peut-être qu'un jour, il y en a une des trois qui prendra le pas sur le reste. »Aujourd'hui, Anaïs Lefèvre aspire à transmettre sa passion et son approche éco-responsable dans la maroquinerie à travers des ateliers afin de sensibiliser et inspirer la prochaine génération d’artisans. « J'aimerais beaucoup pouvoir faire des interventions dans des écoles avec des étudiants. Je fais déjà des interventions auprès de jeunes publics pour sensibiliser aux métiers d'art avec des centres de loisirs ou des écoles primaires. Je trouve que c'est très important de montrer aux enfants que ces métiers-là existent encore ! Mais j'aimerais beaucoup travailler avec des étudiants. J’ai reçu une étudiante des Beaux-Arts qui est venue pendant deux mois à l'atelier, je trouve que c'est intéressant pour eux de voir qu'il n'y a pas de limites et de leur montrer que ces métiers-là existent. J'aimerais faire des ateliers de groupe dans des écoles, sur une semaine, travailler sur des projets avec les étudiants. J'aimerais réussir à développer ce concept. Je prends des stagiaires chaque année, je fais beaucoup de salons de métiers d'art en tant qu’artisan d'art. Parfois, j'ai des stagiaires aussi parce que je réponds sur les réseaux sociaux sur des groupes de maroquiniers et je réponds en disant que je prends des stagiaires. Cela m'a toujours apporté. »Retrouvez tous les épisodes de 100% Création sur :  Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.  
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Acerca de 100 % création

Mode, accessoires, décoration, stylisme, design. Dans la chronique 100 % création de Maria Afonso, RFI vous fait découvrir l’univers de créateurs. Venez écouter leur histoire, leur parcours, leurs influences, leur idée de la mode chaque dimanche à 04h53, 6h55 et 12h54 TU vers toutes cibles. 
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