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  • Emma Style: la mode et l'accompagnement des femmes, par Emmanuelle Jodan Adjovi
    Emmanuelle Jodan Adjovi est une créatrice de mode béninoise installée au Sénégal depuis 1996. Elle y a fondé sa maison de mode Emma Style. Passionnée, résiliente et engagée, elle a su transformer sa passion en entreprise florissante, créant ainsi des emplois. Elle est également active dans le coaching et l'accompagnement des femmes, notamment via le réseau « Fiers d'Elles », qu'elle a contribué à développer. Le parcours d'Emmanuelle Jodan Adjovi est une déclaration d'amour à la mode, mais aussi un engagement pour l'émancipation des femmes africaines. Nous l'avons rencontrée lors du Yas FIMO228 à Lomé. « C'est mon défouloir, mon exutoire. J'adore créer. J'adore créer des vêtements, vous voir, avoir envie de vous créer quelque chose en fonction de votre travail, de vos activités, quelque chose de pratique, et aussi les relations clients. Mais créer, cela m'apaise », nous dit-elle. Elle nous explique la genèse de son projet : « J'ai lancé la marque parce que les gens me complimentaient sur ce que je portais. Alors je me suis dit ''comment je vais nommer la marque ?''. Étant du marketing, je trouvais qu'Emmanuelle Style, cela faisait très long. J'ai coupé Emmanuelle en Emma, donc, Emma Style. » Née à Cotonou, au Bénin, Emmanuelle Jodan Adjovi a grandi et vécu son enfance en France. Elle suit tout d'abord des études en pharmacie avant d'être rattrapée par sa passion pour la mode. En 2006, cette autodidacte lance officiellement son atelier et sa marque Emma Style. Elle raconte : « J'avais 24 ans, j'ai commencé par le marketing et la communication. C'était génial. De plus, j'aime tout ce qui est métiers de contact. J'ai commencé ma carrière professionnelle par la communication et j'aimais m'habiller un peu différemment. J'aimais porter le tissu autrement parce que c'est simple. Les copines avec qui j'avais les mêmes goûts, nous nous retrouvions à avoir les mêmes hauts, c'était marrant. Suite aux compliments des gens que je rencontrais, je me suis dit ''tiens, pourquoi je ne lancerais pas ma marque de vêtements ?'', comme un jeu. J'ai travaillé comme déléguée médicale dans un laboratoire pharmaceutique au Sénégal, et quand j'ai décidé de me lancer, j'ai pris une disponibilité, puis j'ai créé ma société. Aujourd'hui, la maison de mode est toujours rue Carnot. Et avant, j'avais créé mon agence de communication. » C'est au Sénégal, un pays qu'Emmanuelle Jodan Adjovi aime profondément, qu'elle trouve sa voie. Agence de communication, coaching, maison de mode... La créatrice béninoise lance également son édition du Emma Style Show. « Tout ce que j'ai appris dans la mode, je l'ai appris avec mes tailleurs. J'ai gardé mon agence de communication, les clientes que je rencontrais dans le cadre de mon travail faisaient des tenues chez moi. Au fur et à mesure, j'ai appris les codes de la mode. Après, j'ai lancé mon dîner de gala Emma Style Show parce que je voulais me faire connaître. Mais j'ai eu le syndrome de l'imposteur. Je me disais ''mais comment je vais venir dire que je suis styliste ? Les gens me connaissent déléguée médicale''. J'ai appris comment faire des collections, qu'il fallait avoir un fil conducteur. Au bout de la quatrième édition, les autres créateurs, dont Gilles Touré, qui était la personne qui m'inspirait le plus, ont voulu participer à cet événement. Puis, c'est devenu un dîner de gala international. Aujourd'hui, c'est un dîner caritatif, et chaque créateur vient montrer ce qu'il sait faire. Quand je me suis lancée dans la mode, je ne l'ai pas dit à mes parents. À la cinquième édition du Emma Style Show, le président Wade, en son temps, m'a reçu en audience et a été le parrain de l'événement. Là, j'ai invité mes parents. Et quand ils sont venus, vous imaginez tout le protocole. Mon père m'a dit "Tu fais quoi déjà au Sénégal ?". Il a vu tout le monde, un dîner de 350 personnes. Il a dit à ma mère ''Tu es sûre que ta fille fait de la couture et que cela rapporte ?''J'ai dit ''Mais papa, la mode c'est une entreprise". » Née d'une envie d'habiller différemment, de casser les codes, de valoriser la culture africaine à travers des tissus comme le wax ou le pagne tissé, Emmanuelle Jodan Adjovi voit la mode comme un outil d'engagement social, à l'instar de la collection qu'elle a présentée au Yas Fimo228, placée sous le thème « La mode pour un monde sans cancer ».  « Cela part un peu du noir et du doré, parce que la thématique du cancer, c'est quelque chose d'assez lourd. Et puis, cela passe à des couleurs un peu plus joyeuses et d'espoir pour dire ''oui, c'est vrai, cela existe, on va se sensibiliser, on va essayer de porter la voix à travers la mode pour cela''. Et la collection finit avec du rouge bordeaux, de la broderie. Aujourd'hui, ce qui fait la particularité d'Emma Style au Sénégal, c'est le mélange de cultures. Parce que j'ai décidé d'être sénégalaise. Mes enfants sont nés au Sénégal. Je pense que j'ai vécu la majorité de ma vie là-bas, même si on bouge beaucoup. Pouvoir mélanger toutes ces cultures pour pouvoir offrir une mode engagée. On a mis des cristaux pour donner cet éclat, parce que même malade, on reste une femme. On voit de beaux témoignages. Je me dis que cela donne espoir et c'est motivant », explique-t-elle.  Pour Emmanuelle Jodan Adjovi, la mode et le textile sont des moyens d'expression. Elle incarne une femme africaine qui ose, innove, qui valorise ses talents et sa culture. Un message clair : tout est possible avec force et résilience. « À Dakar, on m'appelle ''Madame tout est grâce'', parce que je dis tout le temps ''tout est grâce''. Je me dis que tout est opportunité, je pars de ma propre histoire. Aujourd'hui, j'ai plaisir à dire aux jeunes ou aux étrangers qui viennent au Sénégal que mes sociétés, je les ai créées avec mon passeport béninois. Il faut avoir la force d'y croire. On a eu à créer le réseau "Fiers d'elles" au Sénégal pour dire aux femmes qu'elles sont fortes. Ce n'est pas être féministe du tout, mais on est dans des environnements où la femme manque de confiance en elle, où elle fait des actions extraordinaires, mais elle ne le sait pas. Petit à petit, on va y arriver. C'est une manière d'impacter la génération montante et de dire "oui, tout n'est pas si noir". Dire aux autres femmes qu'être une femme de pouvoir, ce n'est pas d'avoir à jouer des coudes ou une promotion canapé. Nous rencontrons plein de dames qui sont de vraies success story. Elles vous racontent leur histoire, vous vous dites ''waouh !'', de la vendeuse de beignets à une petite couturière. C'est une de mes passions », s'exclame la femme d'affaires.  La mode d'Emmanuelle Jodan Adjovi est un véritable outil de sensibilisation et d'engagement social. Elle ne se contente pas de créer des vêtements ; elle permet aux femmes de s'affirmer, de sortir de leur zone de confort. Elle explique : « J'ai appris dans la mode qu'il fallait avoir son empreinte. C'est en côtoyant les podiums que j'ai appris qu'il faut que, quand on voit une tenue, on sache que c'est du Emma Style. Je ne le savais pas, au début. Quand on voit une tenue Gilles Touré, on sait que c'est du Gilles Touré. Quand tu le travailles, cela se développe bien. Par exemple, on a une collection impératrice qui marche tellement que, des fois, je dis ''je ne veux plus faire des impératrices !''. Les clientes me disent ''on s'en fiche, on en veut'' ! En travaillant un peu le wax différemment, en le découpant différemment. Je réalise des tenues pratiques, des tenues de ville à 70%, des tenues pour le travail. Durant le Covid, c'était un peu compliqué. À un moment, on s'est dit qu'on allait fermer et les clientes me disaient ''non, nous on va soutenir la structure. On va faire des tenues''. Mais il y avait nulle part où aller. Vraiment je les remercie, c'est grâce à elles que nous avons tenu bon. » La transmission des savoirs, notamment auprès des jeunes générations, est essentielle pour assurer la pérennité de cette industrie en pleine croissance. Emmanuelle Jodan Adjovi milite pour une meilleure structuration du secteur. « Malheureusement, les PME et les TPE s'éteignent avec le créateur. Je pense à cela parce que il faudrait que cela puisse nous survivre. C'est une question que je travaille, j'essaie de renforcer les systèmes au niveau de la société pour que cela tourne sans moi et pouvoir gérer la transmission. J'aurais aimé que ma fille reprenne, mais apparemment, cela ne lui dit rien. Je voulais un business, mais faire de la mode, c'est une manière de se définir. Pour moi, développer l'industrie de la mode, c'est très important. Il faudrait que tout suive, parce que c'est un domaine pourvoyeur d'emplois. On a des gros chiffres, et aujourd'hui, je pense que c'est un domaine qui devrait être développé. Parce qu'aujourd'hui, entre mes trois sociétés, je pense que la maison de mode, c'est ma vache à lait. Et quand ça ne va pas bien là-bas, je le sens tout de suite. Nous devrions encourager les jeunes vers ce métier, mais en se structurant. Je suis dans le collectif des designers sénégalais, je suis la vice-présidente. Je suis vice-présidente de l'association des Fashion Week africaines avec Jacques Logoh. Nous faisons la promotion des métiers de la mode en disant "'c'est une entreprise". Quand les jeunes rentrent dans la mode, ils doivent savoir que c'est une entreprise et qu'il faut la gérer avec le cash-flow, le chiffre d'affaires, tout ce qui va avec. Et dès qu'on en en pris conscience, cela change la donne », raconte la créatrice.  Pour assurer la pérennité et la croissance de ses projets, Emmanuelle Jodan Adjovi mise sur une communication efficace auprès de son réseau et des réseaux sociaux. « Internet aide beaucoup, même si moi, je dis souvent je suis de l'âge de la pierre, donc j'ai eu du mal à démarrer sur internet et les réseaux sociaux. L'erreur que j'avais commise au lancement d'Emma Style à Dakar, c'était que beaucoup de femmes ne portaient pas le wax. Et quand j'ai commencé à proposer mes offres, la clientèle venait à moi. J'étais bloquée au moins sur quatre mois. J'étais sur mes acquis. Aujourd'hui, nous sommes à l'ère où Beyoncé, les stars américaines portent du pagne et du coup, tout va très vite. Et il y a plein de jeunes qui se sont lancés dedans. Il m'a fallu réinventer la stratégie, se réinventer et aussi réinventer l'approche client. Aujourd'hui, l'approche, c'est d'aller vers la cliente, faire des collections, car ma clientèle a mûri avec moi, parce que cela fait 25 ans. Maintenant, il faut créer pour les jeunes, donc, les filles de mes clientes », déclare-t-elle.  Abonnez-vous à 100% création 100% création est disponible à l'écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté J Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI
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  • La faïencerie Henriot et le made in France de François Le Goff
    Le salon du made in France aura lieu, à Paris, du 6 au 9 novembre prochain. Cette 13ᵉ édition du MIF Expo célèbre la fabrication française. Une belle occasion de découvrir un homme qui incarne la tradition bretonne et le savoir-faire français : François Le Goff, propriétaire de la faïencerie Henriot. Nous avons visité cette Faïencerie installée à Quimper depuis un tiers de millénaire avec son bol emblématique breton au prénom du destinataire.  François Le Goff nous raconte comment derrière chaque objet fait main, il y a une histoire, une passion, une tradition. Son parcours témoigne d’un attachement profond à ses racines bretonnes, aux techniques artisanales, et à la transmission de ce savoir-faire aux générations futures. « Tout est fait dans un même bâtiment. Nous n’avons rien d'autre à l'extérieur. Le stockage et la transformation de la matière première pour faire ce que nous fabriquons. Nous façonnons tout. On sèche, cuit, stocke le produit fini et on le vend dans notre magasin d'usine qui est au même endroit », détaille François Le Goff, directeur et propriétaire de la faïencerie Henriot.  « Les trois grands postes : la terre, les émaux et les pigments de couleur, parce que la terre, nous sommes obligés de l'acheter à l'extérieur parce que nous sommes en plein centre-ville. Historiquement, c'est ici que la faïence a commencé. Les bâtiments extérieurement sont tous un peu différents au niveau de la structure parce qu’ils ont été construits au fur et à mesure. La faïencerie s'est agrandie dans l'enclave du bâtiment, ils ont rajouté des bâtiments successifs et nous avons six bâtiments de styles différents, parce que c'est au fur et à mesure qu'ils aménageaient un bâtiment, plus un bâtiment, plus un bâtiment. », décrit François Le Goff Né à Paris, mais Breton d’origine, François Le Goff a vécu toute son enfance à Nantes. Cet ingénieur, en 2011, décide de racheter la faïencerie Henriot, alors en liquidation.  « C'est quand même bizarre qu'un fleuron de fabrication française s'arrête, c'était dommage et donc nous avons fait une proposition et nous étions les seuls à proposer de continuer l'activité en France. Nous étions, peut-être, un peu naïfs parce que nous n’étions pas du tout du milieu. Je suis de formation ingénieur en électronique, donc rien à voir avec la faïence, rien à voir avec la technique de la faïence. Mais par contre, à partir du moment où on s'intéresse au fonctionnement et qu'on met les mains dedans, ça reste un procédé de fabrication ancestral. Nous n’avons pas des machines ultra-sophistiquées, nous sommes sur des tours qui ont une cinquantaine ou centaines d'années. Cela reste de la mécanique pure. En réfléchissant pour essayer de comprendre comment à l'époque les gens avaient conçu ces machines-là, on arrive à les entretenir, les réparer et potentiellement améliorer quelques systèmes pour que cela fonctionne aujourd'hui. » La démarche de François Le Goff est motivée par un attachement sentimental, mais aussi par la volonté de préserver un patrimoine régional et national. « Mes parents sont bretons à l'origine, mes grands-parents également. Nous venions en maison de vacances, il y avait du Henriot chez nous parce que, en gros, tout Breton a forcément dans sa maison quelque chose en Henriot. Avant les années 2000, on avait besoin d'une assiette, d'un bol, c'était forcément du Henriot parce qu'il n'y avait pas Internet. On ne faisait pas 50 kilomètres pour aller visiter une fabrique de faïence ou autre chose. Cela a vraiment changé. C’est à partir des années 2000, qu’il y a eu le déclin de la faïence, parce que les gens pouvaient acheter à distance. Ils ont pu se rendre compte qu'il y avait d'autres formes, d'autres choses qui se faisaient, la diversité de l'offre fait que, forcément, les Bretons se sont inspirés et sont allés chercher des pièces ailleurs. Ce qui est logique. Et inversement. Et c'est pour ça qu'on a des commandes qui viennent des États-Unis, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, parce que les Français expatriés là-bas veulent ramener un petit bout de leur patrimoine." La faïencerie Henriot avec ses 335 ans d’existence fait partie des dix plus anciennes entreprises de France, elle a su traverser les siècles en conservant ses méthodes de fabrication. Installée en plein cœur de Quimper, ses ateliers sont remplis d’un savoir-faire notamment dans la maîtrise des formes et la décoration à la main, comme celui de son bol iconique en céramique blanche au motif folklorique et prénom du destinataire. Un souvenir incontournable de la Bretagne. « Le bol, il y en a partout ! Mais, il faut bien différencier le bol qui est 100 % fabriqué à Quimper, à la main, du bol fabriqué à la chaîne à la fois en Chine, au Portugal et même maintenant en France. Il y a des usines qui se sont implantées en France parce que les coûts de transport et la main d'œuvre à l'étranger sont devenus plus cher. C'est très bien qu'il y ait une demande. Le seul souci, c'est que nous, ce qui nous dérange le plus, c'est quand les gens pensent acheter du Henriot, donc du fait main, du personnalisé et faire vraiment tourner l'artisanat local et que finalement, ils achètent un bol qui vient d'une usine où l'humain est très peu présent et au final tout le monde a le même bol. Il y a des gens qui venaient pour acheter un bol en pensant l'acheter 10 € qui finalement l'achètent à 50 parce qu'ils ont compris. Ils voient qu'il y a l'usine qui est à Quimper qui se visite alors que les autres usines ne se visitent pas. Faire des visites, des ateliers, montre bien que tout est fabriqué ici et à la main. Nous leur expliquons qu’au lieu d'en acheter quatre, peut-être en acheter un neutre à utiliser au quotidien, mais il ne sera pas personnalisé parce qu'on préfère en acheter un seul plutôt que quatre ‘touristiques. » Fondée il y a plus de trois siècles, à Quimper, en Bretagne, la faïencerie Henriot incarne longévité et résilience, symbole de l’excellence artisanale et de l’identité culturelle de la région. « Dans un monde où on robotise tout et on automatise tout, garder le style ancien et la façon de fabriquer à l'ancienne, c'est ça qui est le plus difficile aujourd'hui et c'est pour cela que nous nous battons. On fabrique aujourd'hui en 2025, comme les gens fabriquaient dans les années 1800, à part le Tour qu'on a automatisé avec un moteur pour qu'il tourne plus facilement, au lieu de pédaler comme ils le faisaient avant. Aujourd'hui, on a un moteur qui le fait, mais c'est la seule chose qu'on ait faite pour simplifier le travail. Sinon, tout est de la mécanique, pure et dure. Le leitmotiv d'Henriot, c'est de tout faire à la main, à la fois la fabrication des formes, c'est-à-dire qu'on est propriétaire de l'ensemble de nos formes, des choses que l'on fabrique, des dessins. Tout appartient à Henriot, donc c'est pour cela que nous sommes capables, 20 ans ou 30 ans après, de continuer à faire les mêmes formes, les mêmes décors, étant donné qu'on a tout cela est en stock. » Aujourd’hui, la faïencerie Henriot compte neuf salariés, mais leur savoir-faire est précieux. La décoration, par exemple, est réalisée par des artisans qui ont plus de 20 ans d’expérience. « Sans décoration, Henriot n'est rien. C'est-à-dire qu'on a des formes, mais les formes, on peut en trouver un peu à droite à gauche. Le procédé d'émaillage, ça se fait habituellement pour des assiettes blanches qu'on peut trouver. Par contre, pour nous aujourd'hui, la force d'Henriot, c'est le décor peint main. Sur les neuf personnes, il y en a cinq qui sont dédiées à la peinture. C'est le poste important d'Henriot et ce sont les personnes qui ont toutes 20 à 25 ans d'ancienneté afin de pouvoir garantir les décors sur 20/30 ans. Et quand on a une demande particulière pour un bateau ou une personnalisation particulière, on ne se pose pas la question de savoir est-ce qu'on va réussir à le faire ? Nous savons qu'avec ces personnes et leur savoir-faire, on sait qu'elles vont être capables de dessiner du premier coup quelque chose de parfait. » Le plus difficile pour François Le Goff c’est le maintien des outils de production de la faïencerie Henriot. « On utilise des machines de 1960, les fours sont de 1984. Il faut maintenir en état les fours d'époque parce qu'ils avaient une technicité, une forme et un fonctionnement qui étaient très intelligentes, à l’époque, comme les fours navettes. C'est le four qui se déplace au-dessus des pièces avant cuisson. L’avantage, c'est qu'on pouvait déplacer le four, du coup, on était capable de cuire le soir et de charger le lendemain à un autre endroit. À l'époque où il y avait énormément de demandes, cela permettait avec un seul four d'avoir une cuisson tous les soirs parce qu'il fallait normalement laisser un peu de temps pour refroidir. Aujourd'hui, il y a très peu de faïencerie qui aurait l'utilité d'avoir ces fours-là, mais nous, on a du matériel qui nous reste d'une usine qui avait 250 personnes à la décoration et à la fabrication. Nous gardons de vieilles machines qui gardent nos formes et on essaie de les faire fonctionner de la meilleure façon, comme quand elles fonctionnaient il y a cinquante ans. » La fabrication d’objets personnalisés ou sur-mesure permet aussi de répondre aux demandes actuelles tout en respectant la tradition, selon François Le Goff. « Nous avons une clientèle fidèle et nous avons créé "une gamme naissance" à la demande de notre clientèle se plaignant de ne pas avoir d'idées de cadeau à chaque naissance. Au final, les gens ne se posent plus la question. Il y a une naissance, ils passent, ils nous appellent à la boutique, ou bien, ils passent commande sur le site internet, ils font livrer directement chez la personne. Nous mettons une petite carte qui indique la personne qui a offert la vaisselle avec le petit message et, au final, c'est quelque chose de personnalisé, un peu comme le bol que les gens vont pouvoir garder tout le temps. » Abonnez-vous à "100% création"  "100% création" est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté J Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI
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  • Jacquie Atandji, une créatrice qui valorise l’artisanat africain et la mode
    Aujourd’hui, nous vous emmenons à la rencontre d’une femme passionnée, Jacquie Atandji, créatrice togolaise. Son travail incarne la richesse de l’artisanat africain. Bijoux, accessoires et vêtements à travers ses créations, elle veut contribuer à moderniser la mode africaine tout en valorisant son histoire. Son parcours voit la beauté dans la tradition, tout en la rendant moderne et accessible à tous.  Nous l’avons rencontrée lors du Yas FIMO228 à Lomé, un évènement mode organisé par Jacques Logoh.  C'est une bouffée d'oxygène, une thérapie. La création, je crois que cela prend tout mon temps, enfin 90% de mon temps. Mais comme c'est une passion, je n'ai pas l'impression de travailler. Cela fait partie de moi, je ne me pose pas de questions ! Jacquie Atandji, fondatrice de Jacquie Créations.  Je me lève, je me mets au travail. Ce que j'ai rêvé la nuit, j'essaye de le créer ou ce à quoi j'ai pensé dans la semaine ou la veille parce que j'ai vu une forme ou une couleur, ou j'ai vu passer quelqu'un qui a un joli tissu. Enfin, j'essaie de mettre mes inspirations en forme. Jacquie Atandji est une créatrice togolaise reconnue pour ses bijoux et accessoires en matériaux locaux. Autodidacte, elle a lancé sa marque dans les années 2000. D’abord en façonnant des bijoux, puis des sacs, des vêtements et enfin des objets de décoration intérieure. Elle combine son amour de l’artisanat africain et sa vision contemporaine de la mode. Son parcours est marqué par une détermination sans faille qui incarne la force créative de l’Afrique. Ses collections sont dédiées à ses matières préférées. « Je voulais montrer la diversité des tissus qui se trouvent en Afrique en passant par le tissé main, le batik en passant par des tissus plus soyeux, plus luxueux, rajouter une touche de maroquinerie et de bijoux. Il faut que je montre ce que je fais avec la matière qu'on trouve en Afrique, parce qu'on a vraiment de belles matières premières pour la création. J'aime toutes les matières que j'utilise. Je n'aime pas les matières synthétiques. Ma préférence va aux tissés main de différents pays où je vais. Donc, je travaille pas mal les tissés. Mais j'aime aussi le cuir pour le côté luxueux que cela donne aux créations de sacs et de pochettes que je propose. J'aime aussi le bronze parce que je trouve qu'on peut le travailler, le moduler comme on veut. Ce sont mes trois matières de prédilection », souligne-t-elle.  Jacquie Atandji a commencé son aventure dans un contexte où la mode africaine était encore perçue comme traditionnelle ou peu adaptée à la vie moderne. Elle a su faire évoluer cette perception en créant des bijoux, sacs et vêtements ainsi que des objets de décoration intérieure qui mêlent savoir-faire ancestral et design contemporain. « Cela s'est fait naturellement parce qu'au début, quand je faisais les bijoux, j'avais toujours des pantalons en wax et j'avais toujours des bouts de tissus qui traînaient. Je ne savais pas quoi en faire, mais je ne voulais pas jeter. À l'époque, j'étais très économe et donc je gardais tous les morceaux. Quand j'ai ouvert ma boutique, j'ai commencé à faire les premiers accessoires en wax parce que j'avais des restants de mes vêtements. Évidemment, au Togo, le wax se porte coupé à la madame et tout le monde me disait : "Qui va acheter ?" Mes amies me disaient : "Jacquie, on veut bien te soutenir, on va acheter des bijoux, mais on ne va pas acheter des sacs et des pochettes en wax." Curieusement, les Occidentales venaient acheter mes sacs en wax, pas les Togolais au départ. Maintenant, cela a changé. Tout le monde porte le wax ! Tout le monde le porte de toutes les façons possibles. Et je pense que c'est aussi parce que nous avons modernisé la façon de couper, de coudre et de le porter. Avant, cela se portait en jupe pagne, plus le haut, plus le troisième pagne que tu mets par-dessus. Maintenant, en wax, il y a des combinaisons, jupes, pantalons, des vêtements modernes, contemporains », explique-t-elle. Son processus créatif est spontané. Jacquie Atandji s’inspire de ses balades sur les marchés, des couleurs, des formes, et de ses voyages, d’une silhouette qui passe. « Je peux très bien tomber sur de la matière première qui me plaît par la forme, la couleur, et puis j'achète. Je me dis : "Ah, tiens, ça, je peux en faire quelque chose." Quelquefois, c'est juste une odeur ou une balade dans un marché qui m’inspire. J'imagine quelque chose que je dessine à l'avance et je sais ce que je veux faire. Mais souvent, je change d'avis en cours de création parce que je peux commencer, donner une autre forme, surtout pour les bijoux. Finalement, je me retrouve avec cinq modèles différents qui deviennent tous des pièces uniques, alors que je voulais faire un collier et la même chose pour les vêtements. Je pars sur une idée et puis, parfois, je pars, je finalise presque et puis à l'atelier, je le change. Imaginez quelque chose, vous rêvez de quelque chose et arrivez à vraiment le créer de mes mains. Entre le dessin, ce que j'ai imaginé, quand cela prend forme, c'est l'aspect qui me plaît le plus. Je pourrais créer tous les jours, tous les jours et ne pas vendre ce que je crée, mais je ne pourrais pas vivre sans créer. C'est le côté créatif qui me plait le plus. » Jacquie Atandji implique dans sa démarche des artisans locaux, valorisant des matières comme le wax, le cuir, le bronze, et le bois, pour donner vie à ses collections. « Oui, je travaille avec des artisans. Pour les bijoux, j'y intègre beaucoup de matières, par exemple de la corde, de l'os, du bois et bien d’autres matières. Pour cela, j'ai deux ébénistes qui travaillent pour la marque quasiment à temps plein et qui font toutes les formes de pièces que je pourrais imaginer et que j'intègre dans mes bijoux. Pareil pour le bronze, il y a des formes que je fais faire, donc il y a une dizaine d'artisans qui travaillent pour la marque et ils sont choisis comme d'habitude, cela passe par le coup de cœur. Après, on voit si professionnellement la personne a la technique. Nous avançons ensemble et la plupart sont avec la marque depuis le début. C'est toujours les mêmes. On va dire qu'on s'accompagne mutuellement depuis le départ. » Du travail, de la discipline et de la transmission des savoir-faire. Malgré les défis financiers, le succès a souri à Jacquie Atandji. « Les gens pensent que c'est très facile de se lever et de créer ! En fait, non. Si on veut le succès, il faut travailler dur. Le succès, ce n’est pas le loto ! J'aimerais bien que les gens comprennent qu'il faut se lever tous les jours, même si on n'est pas en forme, même si ça va mal et se mettre au travail. Il n'y a que comme cela qu'on évolue, qu'on est autonome, qu'on peut faire progresser l'Afrique. Mon métier exige beaucoup de discipline et de sacrifices. Financièrement, au départ, c'était très difficile, démarrer quelque chose avec des fonds, pour cela, il faut faire des économies. Moi, j'ai commencé avec moins de 300€, mais c'était beaucoup d'argent à l'époque. Pourtant, entre la construction du local pour présenter mes bijoux et les produits, les pièces à créer, c'était très difficile. Il y a toujours beaucoup de contraintes, mais quand on aime, rien n'est difficile. » Consciente que préserver ces métiers manuels est essentiel pour l’avenir de l’artisanat africain, Jacquie Atandji transmet ses techniques à son équipe. « Faire des bijoux, c'est très manuel et très physique. Au début, j'avais quelques filles qui venaient travailler avec moi pour apprendre un peu, mais elles sont toutes parties parce que c'est trop difficile pour le dos, les reins, c’est physique. Je comprends, mais dans la vie, rien n'est simple, rien n'est facile. Maintenant, je transmets mon savoir, ce que je sais puisqu'on fait un mix entre beaucoup de choses. Je transmets à des ouvrières qui ont déjà une base, à qui j’explique le travail, les finitions, les techniques, les petites astuces pour réaliser mes créations. Les chefs d'atelier restent même si quelques ouvrières et ouvriers quittent le nid. À leur tour, ils font et retransmettent à d'autres ou créent leur propre atelier. »   Abonnez-vous à 100% création 100% création est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO | Apple Podcast | Castbox | Deezer | Google Podcast | Podcast Addict | Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS. 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  • Jean-Brieuc Chevalier et son paravent «Mille fleurs» brodé sur bois
    Aujourd’hui, métiers d’art et reconnaissance d’un savoir-faire d’excellence avec Jean-Brieuc Chevalier, prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main, dans la catégorie Talents d’exception. Ce prix distingue un artisan d’art pour la réalisation d'une œuvre résultant d’une maîtrise parfaite des techniques et des savoir-faire des métiers d’art, tout en révélant un caractère innovant qui contribue à l’évolution de ce savoir-faire. Pour Jean-Brieuc Chevalier, ébéniste, marqueteur et brodeur sur bois, cette distinction, plus qu’un aboutissement, est le début d’une nouvelle étape dans sa recherche artistique. Nous l’avons rencontré lors de la présentation de son œuvre primée Mille fleurs. Nous avons la possibilité de faire tout ce que nous voulons, de fabriquer, de construire quelque chose, de pouvoir voir physiquement le travail fait. C'est assez grisant et c'est vraiment unique. Jean-Brieuc Chevalier, ébéniste, marqueteur et brodeur sur bois, fondateur de Jean-Brieuc Atelier. À la fin de mes études, pendant six mois, j'ai cherché du travail et je n'en ai pas trouvé. J'ai mis six mois à monter le projet de mon atelier et le jour où il a fallu remplir les papiers, je n'avais aucune idée de ce que j'allais mettre. Finalement, j'ai mis mon prénom. J'ai eu la chance, j'ai un prénom composé qui n'est pas commun. J'ai mis mon prénom, accolé atelier et puis c'est tout. Né à Brest, Jean-Brieuc Chevalier débute des études de physique-chimie mais, passionné par le bois et la création manuelle, il se réoriente vers l’ébénisterie, CAP, brevet de métiers d’art et diplôme des métiers d’art en poche, il fonde son atelier. Il réalise des pièces uniques en bois avec l’envie d’approfondir d’autres techniques comme la marqueterie et la broderie sur bois. « Nous faisons de l'ébénisterie, marqueterie, broderie, nous avons appris en pratiquant. Ce sont des métiers qui restent encore très cloisonnés, en tout cas dans l'apprentissage. C'est l'héritage des différentes corporations. C'est plus une envie, du désir d'approfondir là-dessus parce que j'ai envie de le faire, j'en ai fait à l'atelier. Plus largement, c'est un métier passion donc il exige tout mon temps, toutes mes pensées. Je me lève le matin, je pense à mon boulot, je me couche le soir, je dors avec mon boulot et toute ma vie, tous les jours de ma vie sont tournés autour de mon boulot. » Jean-Brieuc Chevalier, dans son atelier avec son équipe de huit personnes, associe techniques traditionnelles et recherches. Pour la réalisation de broderies à base de perles de nacre, il conçoit au préalable le dessin de l’œuvre sur ordinateur. Une méthode, sans aucune improvisation, qui lui permet d’obtenir une précision extrême et des motifs complexes. « Tous les décors sont dessinés à l'avance, toutes les perles sont mesurées, tous les trous sont programmés. Nous brodons deux fois. Une première broderie à l'ordinateur où on place toutes les perles une par une, où on dessine tout dans le détail de la broderie. Tout est dessiné et décidé à l'avance. Après, il y a la deuxième broderie. Une fois le panneau percé, nous rebrodons entièrement le panneau. Il y a zéro improvisation. Pour l'instant, je ne fais que des décors qui sont perlés. J'utilise des perles qui viennent du Japon, de la marque Miyuki parce que ce sont des perles qui sont extrêmement calibrées. Et comme nous dessinons tout à l'avance, il faut utiliser des perles bien calibrées, surtout à l'échelle, parce que nous faisons des objets avec 60 000 ou 300 000 perles. Nous ne pouvons pas avoir une perle sur deux qui ne soit pas à la bonne dimension. Il faut que tout soit parfait. » Le prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main, dans la catégorie Talents d’exception a été décerné à Jean-Brieuc Chevalier, cette année, pour la réalisation de son œuvre intitulée Mille fleurs. Cette marqueterie haute couture est un paravent d’inspiration médiévale avec une profusion de fleurs et de végétaux, d’animaux réels ou imaginaires. Un hommage à la tradition de la tapisserie avec une touche contemporaine. « C'est un grand paravent de 2 mètres 80 de haut par 2 mètres 50 de large. Il est composé de six panneaux. C'est un paysage de fleurs entièrement marqueté dans le fond. Tout le feuillage est en marqueterie de bois avec trois ou quatre bois. Tout est rehaussé de broderie. Il y a une dizaine de fleurs différentes qui forment un peu un parterre. Cela remplit à peu près les deux tiers du paravent, les deux tiers bas et le haut. Le bois évoque l'horizon du paysage. Et au milieu de toutes ces fleurs, il y a des petits lapins qui jouent, se baladent dans le paravent, et notamment, il y a un petit lapin qui rentre dans un terrier et qui, deux panneaux plus loin, ressort du terrier. C'est un clin d'œil à la tapisserie de l'Apocalypse que nous avons à Angers. Angers est une ville de la tapisserie. Elle n'a pas la renommée d'Aubusson, ni les Ateliers d'Aubusson, mais c’est une ville très imprégnée par la tapisserie. C'était aussi faire un clin d'œil, un hommage à cette ville dans laquelle je travaille. » Bois, marqueterie, broderie, au-delà du procédé, c’est la passion mais aussi l’innovation qui animent cet artisan d’art. « Je pense que la recherche est évidemment au centre de tout. À la fois sur la technique, la création, motifs, ce que nous voulons exprimer. La technique, oui, parce que quand j'ai commencé la broderie et ce que je fais aujourd'hui, elle n'a rien à voir avec la technique que je faisais. J'avais déjà commencé à faire de la couture sur du bois pendant mes études. Aujourd'hui, j’ai résolu beaucoup de questions sur la réalisation pour que l'ensemble soit vraiment parfait et propre. J'ai mis beaucoup de temps à trouver les bonnes colles, les bonnes solutions. Avant, je brodais sur du placage et maintenant j'arrive à broder sur la marqueterie, la manière de percer a changé aussi. J’ai réussi à changer pas mal de choses quand on a commencé à travailler pour l'Orient-Express, parce que je fais des lits pour le nouvel Orient-Express, pour Maxime D'angeac. Évidemment, les conditions du train ne sont pas les mêmes qu'un meuble, nous avons donc eu pas mal de recherches pour "upgrader" (valoriser) notre technique. Sur le décor, on touche à la fois à l'ébénisterie et sur la broderie, et un peu par extension, à la mode, les applications, les inspirations sont infinies. La broderie, c'est quelque chose de commun à l'humanité. Dans tous les pays, toutes les civilisations, il y a toujours eu des décors brodés. Et la créativité autour de la broderie est infinie, donc il y a encore beaucoup de recherches à faire dessus. » Chêne, noyer ou peuplier, pour la naissance d’une œuvre unique, Jean-Brieuc Chevalier sélectionne le bois le plus adapté. « J'aime beaucoup le chêne, mais le noyer est un bois très doux et soyeux. On va surtout huiler le noyer. C'est un bois qui s'huile super bien et qui est assez sensuel quand on le caresse. Il y a quelque chose d'assez extraordinaire, je pense, avec ce bois et surtout le noyer blond. Le noyer blond est d’une beauté hors du commun. Beaucoup de panneaux bois sont fabriqués en France, nous avons beaucoup d'usines de grands fabricants, que ce soit du mélaminé, du contreplaqué. Les panneaux comme le bouleau viennent de Finlande, de Russie ou d'Ukraine, mais là on n'a pas le choix, parce que le bouleau, c'est un bois qui vient du Nord. Mais nous avons encore beaucoup de bois français. Les gens nous connaissent et je ne sais pas pourquoi, quand une entreprise ferme, on nous appelle : "Est-ce que vous voulez récupérer notre stock de placages ?" Nous avons donc beaucoup récupéré de placages de partout. Nous avons une belle collection de placages que nous n’avons pas achetés, que nous recyclons et que nous utilisons. » Jean-Brieuc Chevalier doit sa reconnaissance professionnelle aux rencontres et surtout à celle de son conjoint qui l’a soutenu, y compris financièrement, à ses débuts. « Nous ne faisons pas une création à deux. C'est lui qui a investi dans mon entreprise, quand j'ai démarré. Il faut toujours aussi quelqu'un qui soit carré dans la vie, parce que moi, je ne le suis pas. Quelqu’un qui aime l'administratif. Les premières années, c'est lui qui faisait ma comptabilité aussi. Il est chirurgien de la main et il m'accompagne. Je pense que sans lui, l'atelier n'existerait pas comme il l'est aujourd'hui. Parce que grâce à lui, je n’ai pas de pression financière de fou. Et cela m'a permis de réinvestir tout ce que j'ai pu gagner avec l'entreprise. J’ai réinvesti dans les créations, les machines. Aujourd'hui nous pouvons faire des choses assez dingues et c'est aussi parce que j'ai eu la chance d'être avec lui. Nous avons trois profils : un profil d'ébéniste qui va fabriquer les meubles, toutes les étapes pour l’ébénisterie, une équipe de marqueterie et une de broderie. Moi, j'ai la chance d'avoir une super équipe. Tous les jours, c’est du bonheur d'aller œuvrer avec toutes les personnes avec qui je travaille. » Abonnez-vous à 100% création 100% création est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO | Apple Podcast | Castbox | Deezer | Google Podcast | Podcast Addict | Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.  Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création | Facebook 100% Création-RFI
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  • Adjiwanou Howandé, une créatrice de mode pour les femmes libres
    Adjiwanou Howandé est une styliste-modéliste togolaise, basée à Abidjan. Cette diplômée de l’École des Arts et de la Mode à travers sa marque Howandé Création redéfinit l’élégance féminine. Elle conçoit des pièces élégantes et soignées qui célèbrent la force et la détermination des femmes contemporaines. Sa mode exprime l’élégance, la liberté, la sensualité, avec un message fort : encourager les femmes à s’affirmer, à connaître leur propre style et à vivre selon leurs principes.   Nous l’avons rencontrée lors du Yas FIMO228 à Lomé.  C'est magnifique parce que quand j’arrive à créer quelque chose qui n'existait pas, que je crée mon monde, je crée une petite magie. Adjiwanou Howandé, fondatrice de la marque Howandé Création   Le Graal, c'est quand j’arrive à transmettre cette magie aux personnes qui ne sont pas forcément "fashion addict", et qu’elles se sentent heureuses de porter une pièce créée de mes mains. C'est vraiment génial ! Adjiwanou Howandé est une styliste togolaise basée à Abidjan. Née à Lomé, elle voulait être généticienne et a commencé à suivre des études en sciences. Lors des semaines culturelles de sa faculté, elle découvre le monde de la mode, devenue une véritable passion. Elle raconte : « Avant même de découvrir ce milieu, j'avais une frustration en tant que cliente dans les ateliers de couture. Les délais n'étaient pas respectés, mes désirs n'étaient pas respectés. Cela a été un déclic, à ce moment-là, autour de moi, il y a énormément de personnes qui avaient cette même frustration, je me suis dit que cela serait une belle porte à ouvrir. C'est de là que tout est parti. » Après avoir décidé de se reconvertir, Adjiwanou Howandé intègre une école de mode à Lomé, où elle se forme en modélisme et stylisme pendant deux ans avant de lancer sa marque en 2012. Cette créatrice indépendante a une organisation flexible mais efficace. Elle travaille principalement seule depuis ses débuts, privilégiant la création à domicile pour concilier vie de famille et passion. « J'ai démarré modestement, je travaillais beaucoup à la maison. Je suis une maman poule avec mes enfants. Jusqu’à maintenant, je fonctionne comme cela. Je travaille seule, mais quand il y a beaucoup de charge de travail, je prends ponctuellement des ouvriers. Quand il s'agit d'un défilé de mode, je commence par la musique et ensuite le choix des matières. Maintenant, quand il s'agit de commandes personnelles, je commence par discuter avec le client et à faire un croquis pour avoir une idée de sa demande et ensuite par rapport au thème de son événement, je lui fais des propositions parce qu'il s'agit aussi de prodiguer des conseils aux personnes qui ne sont pas du milieu pour mieux les guider », explique-t-elle. La créatrice de mode togolaise voit la mode comme un moyen d’évasion et de transmission de ses valeurs, à l’instar de sa collection : la danse des étoiles. « De l'élégance, du glamour, de la sophistication, de la légèreté, la collection raconte tout cela. Elle raconte qu'une femme peut être libre et élégante dans le monde que nous avons aujourd'hui. Elle raconte qu'une femme peut être tout ce qu'elle veut. Il y a des modèles assez séduisants, mais je ne pense pas vulgaires, sensuels, on va dire. Malheureusement, on parle encore et encore du combat des femmes. Cela n'en finit pas parce qu'on n'arrive pas à en voir le bout, donc on va continuer à en parler. Et j'ai envie de dire qu'une femme a le droit d'être ce qu'elle veut vraiment, d'être libre et de vivre et de se découvrir. C'est vraiment cela le message pour les femmes. Apprenez à vous connaître, découvrez-vous, bien sûr dans certains milieux professionnels par exemple, il faut faire des efforts, il y a des codes à respecter. Bien évidemment, quand on est en société, on respecte les autres. À part cela, découvrez-vous et habillez-vous comme vous le sentez », conseille-t-elle. L’inspiration d’Adjiwanou Howandé provient de sources diverses : la rue, avec ses styles urbains et ses expressions culturelles, ainsi que la nature. Elle utilise aussi des techniques qu’elle a apprises lors de sa formation, telles que le travail de la dentelle, devenue une signature dans ses créations. Elle précise : « Souvent, j’utilise de la dentelle qui est brodée. C'est une broderie qui est populaire, mais j’arrive à agencer plusieurs broderies ou à refaire les dessins de sorte à avoir un modèle personnalisé. Cela demande beaucoup de temps et de patience, mais le résultat est toujours unique et moi, j'adore ! Il faut déjà découper et puis réagencer sur le tissu choisi, de sorte parfois à montrer la peau subtilement à des endroits qu'on a choisis. » Dans son parcours, Adjiwanou Howandé a dû faire face à des difficultés. Les réticences de ses proches face à ses choix professionnels, les réticences sociales liées à la reconnaissance d’un métier peu valorisé. « Dans ma famille d'abord, mes parents n'étaient pas d'accord. Mon métier ici, on ne dit pas designer, styliste, on dit couturière d'une manière très péjorative. Cela avait l'air réservé pour les personnes qui ne pouvaient pas ou qui n'avaient pas envie d'aller à l'école, de faire des études. Cela a entraîné des réticences de la part de la famille, des parents, beaucoup d'amis qui m'ont dit : "Mais tu ne veux faire que cela, tu n'as pas d'ambition." Le fait d'avoir une famille, d'être maman aussi, parce qu'il n'y a pas d'heure, il faut pouvoir être prêt à bouger à tout moment. Mais quand on a la passion, on essaie de trouver des solutions et avec un peu de chance, on trouve des personnes sur notre route qui nous soutiennent beaucoup. Il y avait les pressions sociales, j'en étais consciente, mais je n'étais pas atteinte. Cela ne m'a jamais dérangé. J'ai toujours suivi mon propre chemin. J'avais mes propres limites à dépasser et ce n'était pas celles-là. J'avais d'autres combats à mener », affirme-t-elle. Plus que des vêtements, Adjiwanou Howandé véhicule des valeurs fortes à travers son travail. Pour la créatrice togolaise, la mode est plus qu’un métier : c’est une forme d’évasion et d’expression personnelle. Elle voit ses créations comme un moyen de transmettre des messages, qu’ils soient culturels, sociaux ou personnels mais toujours avec de l’élégance, du glamour et de la légèreté. Elle ajoute : « Je suis une personne de nature introvertie, mais j'aime aujourd'hui quand je vois les réactions face à mes créations sans que j’aie à parler à tout le monde. Qu'on me dise "c'est chic, c'est bien, c'est élégant". Des gens arrivent à capter à travers mes créations les choses que j'aime, comment j'aime me sentir, ce que je veux transmettre. J'arrive à atteindre mon objectif. Si je peux passer mon message sans avoir à ouvrir la bouche, juste en montrant mes robes, c'est que je commence à faire du bon travail. J'aurais tellement, tellement de messages. Mais le plus important : n'abandonnez pas vos rêves, n'abandonnez pas vos principes pour rien, pour personne. »       Abonnez-vous à « 100% création »  « 100% création » est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté  Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI 
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Acerca de 100 % création

Mode, accessoires, décoration, stylisme, design. Dans la chronique 100 % création de Maria Afonso, RFI vous fait découvrir l’univers de créateurs. Venez écouter leur histoire, leur parcours, leurs influences, leur idée de la mode chaque dimanche à 04h53, 6h55 et 12h54 TU vers toutes cibles. 
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