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L'Épopée des musiques noires

L'Épopée des musiques noires
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  • Femi Kuti, en quête d’une vie paisible
    À 63 ans, le chanteur, danseur et musicien nigérian, Femi Kuti semble faire un bilan d’étape. Si son indignation reste vivace face aux injustices planétaires, le ton plus posé de ses diatribes laisse entrevoir une volonté d’apaisement. La corruption politique, la violence systémique, le racisme institutionnalisé, sont toujours ses chevaux de bataille mais il y oppose aujourd’hui des vœux de tolérance et de bon sens. Journey Through Life est le fruit de cette réflexion d’homme sage et d’artiste aguerri. Trouver la paix intérieure semble être le credo de ce saxophoniste, trompettiste et chef d’orchestre de talent qui, au fil des années, a compris que la confrontation n’est pas la seule arme de dissuasion massive contre les dérives et les exactions. Résister à l’adversité et chercher en soi la force de jouir pleinement de l’instant présent est un exercice quotidien qui demande de la retenue et de la tempérance. Cette inclinaison de son discours n’est pas une capitulation mais, au contraire, une nouvelle manière de contrer les assauts des âmes mortifères. «Il n’est pas nécessaire d’être violent, il n’est pas nécessaire de créer du stress, il faut plutôt chercher la sagesse et être objectif, être sincère. Il est très aisé de faire cet effort de compréhension. Que vous le vouliez ou non, il y aura toujours dans ce monde des aspects positifs et négatifs. Si vous n’êtes pas capable de comprendre cela, vous aurez toujours des problèmes. Il faut accepter le fait que vous finirez par mourir un jour. Si vous prenez en compte cette réalité, si vous appréhendez votre propre vie en acceptant le fait qu’elle se terminera un jour, vous faites preuve de sagesse et vous serez en paix avec vous-même. Ce monde chaotique ne nous permet plus de réfléchir réellement au sens que nous voulons donner à notre vie sur terre. C’est ainsi que l’on se perd en conjectures et que la violence surgit. Plus vous perdez pied, plus le désordre s’installe. Si votre esprit est agité, si vous êtes en guerre avec vous-même, vous ne pouvez que transmettre des émotions négatives. Si vous cherchez vraiment la paix, écoutez les musiciens. Même s’ils traversent parfois des moments difficiles dans leur vie privée, ils ont malgré tout le devoir d’être positifs sur scène et de vous apporter du réconfort. Leur rôle est de vous permettre de vous évader, d’oublier vos tracas du quotidien, d’apaiser vos tourments, d’effacer le chaos qui agite votre esprit. Si un artiste ne comprend pas cela, il s’égare complètement. Si, au contraire, il sait s’adresser au public, il devient un homme de paix». (Femi Kuti au micro de Joe Farmer) Pour parvenir à un tel détachement et échapper à la frénésie mondiale, Femi Kuti s’en remet à la pratique intensive de son instrument de prédilection, le saxophone. Il ne cesse de répéter pour atteindre un idéal artistique. Il s’interroge, réfléchit, reconsidère perpétuellement son statut de musicien. Il écoute ses aînés, ses homologues, ses contemporains et en tire des enseignements qu’il distille à son tour par petites touches à ses proches et à son public. Comment ne pas déceler l’intention de titres comme «Work on myself» ou «Think my people, Think». Notre fringant sexagénaire nous invite clairement à un examen de conscience indispensable. «Quand je composais les chansons de cet album, la musique a surgi d’elle-même. Je pensais à ma grand-mère qui a bataillé pour survivre comme beaucoup d’autres combattants de la liberté. Je pensais à Malcolm X, Martin Luther King, Mohamed Ali, Bob Marley, Patrice Lumumba, Thomas Sankara, mon père Fela, et tant d’autres… Ils se sont battus pour un monde meilleur mais ce monde est resté chaotique et violent. Je me suis dit : «Cela fait 40 ans que je fais de la musique, que j’exprime mes opinions mais le monde n’a pas évolué. Les tensions politiques se sont accrues. Comment puis-je modifier cet état de fait ?». Je n’avais pas le droit de baisser les bras. Une petite voix intérieure me répétait sans cesse : «Ce n’est pas la fin ! Tu ne peux pas abandonner !». J’ai donc longuement réfléchi. Que pouvais-je changer ? Et si je commençais par moi ? Par mon attitude ? Instantanément, j’ai éprouvé un sentiment de paix intérieure. J’ai réalisé que travailler sur moi avait une incidence sur ma vision du monde. Je pouvais agir sur ma vie personnelle, devenir un bon père, devenir un meilleur musicien, etc. C’est peut-être cela le but d’une vie ! Il ne s’agit pas de contraindre autrui à se comporter de telle ou telle manière, il s’agit de donner l’exemple. À vous de suivre ou non cette approche paisible de la vie. Ce que vous déciderez d’en faire m’importe peu mais je suis convaincu que nous pouvons, chacun d’entre nous, créer un espace de sérénité qui éclaboussera positivement notre entourage». (Femi Kuti sur RFI) Les années passent et Femi Kuti accepte volontiers l’impact progressif de cette incontournable réalité sur son esprit. Il voit ses enfants grandir et se félicite de leur état esprit positif et constructif. L’attitude de son fils, Madé, l’enchante et lui donne espoir. La relève est assurée… «J’aime beaucoup son dernier album. C’est un disque très réussi. Sa musique m’apaise. Elle m’apporte ce que j’ai recherché toute ma vie, des sentiments de paix et d’amour. Voir mon fils s’épanouir ainsi me comble de bonheur». (Femi Kuti, octobre 2025) ⇒ Femi Kuti c/o Partisan Records.   Titres diffusés cette semaine : «Journey through life» par Femi Kuti (Partisan Records) «Work on myself»  par Femi Kuti (Partisan Records) «Vote Dizzy/Salt Peanuts» par Dizzy Gillespie et Jon Hendricks (Douglas Music) «Think my people, think» par Femi Kuti (Partisan Records).
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  • Nicolas Genest invoque le Royaume du Danhomey
    Le trompettiste français Nicolas Genest est en quête de ses racines béninoises. Son premier séjour à Cotonou, en 2006, est déterminant. Il perçoit alors instantanément l’intense histoire séculaire de cette terre lointaine qui lui paraît si proche. Après plusieurs périples dans ce pays qui le fascine, il se met en tête d’honorer les traditions locales et de les célébrer en musique. Il lui faudra 10 ans pour concevoir Danhomey Songs, un album guidé par un devoir de mémoire. Nicolas Genest a maintes fois prouvé son attachement au continent africain, mais réduire sa destinée à cette seule source d’inspiration serait injuste. C’est au contact de grandes figures du jazz américain (Art Farmer, Wynton Marsalis, Terence Blanchard..) qu’il peaufinera son inventivité instrumentale. Il se liera également d’amitié avec le célèbre contrebassiste John Clayton dont les conseils avisés traceront son chemin. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de noter la présence du maestro américain sur le titre «Lonmin» de l’album Danhomey Songs. Certes, «L’épopée des Musiques Noires» irrigue les productions de Nicolas Genest depuis «Lékéré» en 2006, mais l’universalité de sa discographie nous rappelle que les catégories imposées par l’industrie du disque n’ont pas de sens et limitent notre ouverture d’esprit. Depuis plus de 30 ans, Nicolas Genest multiplie les rencontres et nourrit la créolité de notre écoute. Son goût pour les musiques traditionnelles indiennes, ses nombreuses collaborations aux œuvres afro-planétaires de ses contemporains (Alpha Blondy, Manu Dibango, Jimmy Cliff, Mayra Andrade, Henri Texier…), ses propres compositions, méritent nos oreilles attentives. Danhomey Songs est sans doute le plus audacieux de ses projets. Réalisé entre 2014 et 2024, ce long voyage musical bercé par les harmonies classiques, le swing jazz et les rythmes nés de la terre béninoise, est une ode à la vie, l’amitié, l’amour. Pour donner de la valeur à ce propos généreux et bienveillant, il fallait réunir une famille de musiciens aguerris issus des quatre coins de la planète, du Ghana aux États-Unis, du Bénin à la France. Victor Dey Jr, Chris Potter, Lionel Loueke, David Patrois, entre autres, illuminent ce tableau multicolore que le principal instigateur présentera au New Morning à Paris, le 26 octobre 2025, à travers un concert très attendu et la projection d’un documentaire projeté en préambule de cette soirée réjouissante. ⇒ Site de Nicolas Genest. Titres diffusés cette semaine : - « Legba » extrait de « Danhomey Songs » par Nicolas Genest  - « Lekere » extrait de « Lekere » par Nicolas Genest  - « Zangbeto » extrait de « Danhomey Songs » par Nicolas Genest  - « Guede Houssou » extrait de « Danhomey Songs » par Nicolas Genest. 
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  • Gwoka, Biguine, Maloya… musiques nées de l’esclavage
    Si les États-Unis ont su mettre en valeur les différents styles musicaux, gospel, blues, jazz, soul, funk, rap, issus d’un lourd passif historique, la France peine à donner du crédit à des formes d’expression nées de traditions ancestrales afro-européennes. Le journaliste Bertrand Dicale s’est penché sur ce patrimoine culturel vibrant qui narre l’aventure humaine de millions d’ultramarins. Il aura fallu attendre des siècles pour que les différents idiomes créoles trouvent une véritable légitimité et une indéniable valeur artistique. Longtemps, on a cru que les musiques autochtones n’étaient, aux yeux des colons, que l’écho primitif d’un lointain passé africain. Il convient tout de même de rappeler que les fusions culturelles naissent au moment où des populations d’origines diverses partagent un quotidien commun. Comment pourrait-il en être autrement ? Ainsi, la destinée des esclaves africains est indissociable de celle de leurs oppresseurs. La rencontre de rites, codes et traditions originelles, a façonné un vocabulaire sonore métis. La biguine, notamment, est le fruit d’une assimilation progressive de sources bien distinctes comme la polka et le bèlè parvenus à maturité dans le terreau caribéen dès la fin du XIXè siècle. Au-delà de la dimension rythmique et harmonique, ce genre musical est d’abord une danse qui impose un statut social après l’abolition de l’esclavage. Maîtriser la chorégraphie biguine est un signe d’appartenance à une civilisation de progrès très éloignée des vestiges de l’esclavage. La biguine est donc le ciment d’une population qui assume pleinement son passé mulâtre mais qui choisit de le sublimer. Aujourd’hui encore, la biguine continue de provoquer des mutations sociologiques universelles. Les musiques nées de l’esclavage ont joué un rôle d’émancipation pour des millions d’hommes et de femmes par-delà les océans. Le Maloya réunionnais par exemple, longtemps banni par l’administration française coloniale, est devenu avec le renfort du Parti Communiste local le porte-voix des opprimés et l’affirmation d’une identité résiliente idiosyncratique. Terre multi-ethnique, l’île de La Réunion jouit d’une richesse culturelle unique. Indiens, Africains, Européens, Chinois, ont dessiné les contours d’une «batarsité» que le musicien, chanteur et poète, Danyel Waro revendique avec force comme un emblème de la diversité généreuse. Tous ces répertoires, ces langages, ces modes de vie, ne sont pas que les témoignages d’une souffrance, ils ont modelé notre altruisme et nous encouragent à regarder le monde avec les yeux de la tolérance. C’est le vœu que formule en filigrane Bertrand Dicale dans son dernier ouvrage «Musiques nées de l’esclavage - domaine français», aux Éditions de la Philharmonie de Paris. Titres diffusés cette semaine : - « K’drill N°1 » par Hervé Celcal  - « Anlé Monn La » par le trio Biguine Extension  - « Mon Maloya » par Meddy Gerville. 
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  • Tyreek McDole, nouvelle étoile de l’art vocal
    À 25 ans, Tyreek McDole surprend par sa maturité, tant dans son propos que dans ses interprétations. Encensée par ses pairs, acclamée par ses contemporains, la voix ronde, chaleureuse et parfois acrobatique, de ce jeune chanteur américano-haïtien fait mouche. Son audacieux et révérencieux premier album, Open up your senses, joue avec les accents jazz hérités de ses aînés. De retour en Europe cet automne, après une tournée estivale scintillante, Tyreek McDole s’apprête à conquérir le cœur de nombreux auditeurs.   Il est assez rare de noter la pertinence d’un artiste dès les premières années de sa carrière. C’est une expérience longuement éprouvée qui forge habituellement un discours et une identité. Tyreek McDole semble avoir déjà vécu mille vies. Sa vision du monde est souvent très juste, éclairée par une approche universaliste de ce XXIè siècle bouillonnant. Doit-il l’acuité de son regard altruiste à ses lointaines origines caribéennes ? On peut le penser en l’écoutant évoquer la multiplicité culturelle de son univers sonore. «Je vous dirais ceci : comme j’ai la chance d’avoir en moi une palette de couleurs différentes, je ne peux qu’être influencé par cette myriade de sources d’inspiration. On ne parle pas assez de l’impact des Caraïbes sur le jazz américain. On dit souvent que la Nouvelle-Orléans est la ville la plus au nord des Caraïbes car, ancestralement, il y avait beaucoup de commerce entre la Louisiane et les îles des Caraïbes : Trinidad et Tobago, Cuba, Haïti… Il y a donc dans cette région du monde, une interconnexion des cultures qui a fait de la Nouvelle-Orléans le fameux melting-pot dont tout le monde parle aujourd’hui. Les Américains pensent qu’ils ont créé seuls cette forme d’expression qu’on appelle «Jazz». Ils oublient souvent l’influence des cultures voisines, des migrants, en d’autres mots, le reste du monde. Par conséquent, mes différentes origines m’ont ouvert l’esprit, et en tant que citoyen américain, j’ai profité des traditions importées par les migrants. Je parle des Italiens, des Irlandais, des Haïtiens, des Chinois, des Mexicains, etc. Nous avons tous contribué à la création des États-Unis. La musique américaine est donc le fruit d’un métissage international. Je suis un enfant du Rara et du Compas haïtiens mais aussi du Jazz, du Hip hop et du R&B américains. J’écoute beaucoup Mary J.Blige, Freddie Gibbs, Kendrick Lamar… J’ai tout cela en moi». (Tyreek McDole au micro de Joe Farmer) Tyreek McDole n’a pas d’œillères. Il se laisse porter par ses envies sans réfléchir aux catégorisations discographiques. Même si, à son grand regret, il ne parle pas créole, il ne s’interdit pas pour autant de chanter dans la langue de ses ancêtres en apprenant par cœur les paroles de chansons traditionnelles comme «Wongolo Wale» qu’il délivre avec ferveur sur son album Open up your senses. «C’est une chanson traditionnelle. Elle provient d’Angola car l’ethnie haïtienne à laquelle j’appartiens a des racines dans ce pays. Autrefois, nous avions des royaumes entiers en Angola et les griots ont transmis notre histoire à travers les siècles. Ils ont raconté l’épopée des rois et des reines, des dynasties ancestrales. Ils ont narré le quotidien de mes aïeux. La chanson que vous évoquez fait référence au commerce triangulaire qui avait séparé des familles entières. Dans cette composition, je me pose la question : «Qu’es-tu devenu ?». En d’autres mots, j’interroge mes ancêtres. De toute façon, l’album entier est pétri de messages. Le titre de ce disque en dit long sur mon intention. Je dis : «ouvre ton esprit». C’est un peu comme si mes aînés tentaient de communiquer avec moi et m’encourageaient à faire le lien avec mes racines lointaines ». (Tyreek McDole sur RFI) Il est certain que Tyreek McDole continuera à captiver nos oreilles. Il a déjà fasciné nombre de ses homologues. Il apparaîtra d’ailleurs sur le prochain album de l’illustre pianiste Kenny Barron (82 ans) qu’il a rencontré au hasard d’une croisière dans la mer des Caraïbes. «Durant cette semaine de croisière musicale, j’avais remarqué la présence de Kenny Barron qui assistait régulièrement à mes prestations. Il aurait pu aller voir ses amis mais il a choisi d’écouter des jeunes gens comme moi. J’étais très honoré de le compter parmi mes spectateurs... Alors que nous accostions en République Dominicaine, il s’est approché de moi et m’a demandé s’il pouvait me prendre en photo. J’étais estomaqué ! Je lui ai rétorqué : «ce serait plutôt à moi de vous prendre en photo !». Nous avons commencé à discuter ensemble et il s’est proposé pour enregistrer un titre sur mon album, en l’occurrence, Ugly Beauty de Thelonious Monk. Ce monsieur a tout de même joué avec les plus grands dont Dizzy Gillespie, Ella Fitzgerald, et beaucoup d’autres ! C’est une légende vivante, un maître ! Il est l’un des derniers représentants d’une génération qui a marqué l’histoire du jazz. Je me sens tellement honoré de faire partie désormais de son cercle privé. Pouvoir apprendre d’une telle personnalité vous donne une perspective artistique complètement différente. C’était donc un sacré défi pour moi d’être à la hauteur et de ressentir l’énergie du maestro face à moi. Chaque fois que je me suis retrouvé en studio avec lui, j’ai appris énormément. J’ai appris à être patient, j’ai appris à m’abandonner à l’instant présent. Lui, n’a plus rien à prouver. Moi, j’avais tout à prouver ! Je devais lui démontrer que j’étais à la hauteur de ses attentes. C’est un sacré challenge pour un artiste de mon âge car je n’ai que 25 ans et, tout au long de ma vie, il faudra que je parvienne à relever de tels défis. J’espère qu’à 85 ans, j’aurai un peu progressé… (Le rire de Tyreek McDole dans «L’épopée des Musiques Noires» sur RFI) Nul doute que ce jeune homme bourré de talent saura séduire un auditoire toujours plus vaste sans se fourvoyer car le succès qui accompagne déjà ses prestations ne l’intimide pas. Sa clairvoyance lui évitera certainement l’écueil de la précipitation et de l’exposition médiatique trop intense. Rendez-vous cet automne pour applaudir ses prouesses vocales que les spectateurs du Nice Jazz Festival ont déjà pu apprécier en juillet 2025. Dates à retenir : - 15 octobre 2025 à Tourcoing - 16 octobre 2025 à Paris (New Morning) - 17 octobre 2025 à Nancy. ⇒ Le site de Tyreek McDole.   Titres diffusés cette semaine : - « The Umbrella Man » par Tyreek McDole (Artwork Records) - « The Sun Song » par Tyreek McDole (Artwork Records) - « Wongolo Wale » par Tyreek McDole (Artwork Records) - « Everyday I Have The Blues » par Tyreek McDole (Artwork Records).
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  • Quand le jazz devient politique
    Lorsqu’en février 1961, le batteur Max Roach et la chanteuse Abbey Lincoln parviennent à bousculer les débats du conseil de sécurité de l’ONU après l’assassinat du Premier ministre congolais Patrice Lumumba, ils viennent de faire jaillir la force mobilisatrice de la musique au sein des institutions politiques internationales. Ce moment de bascule historique est le point de départ d’un récit cinématographique imaginé par le documentariste belge Johan Grimonprez. Son film «Soundtrack to a coup d’État» sortira sur les écrans français le 1er octobre 2025. Au tournant des années 60, les deux rives de l’Atlantique sont en effervescence. Les indépendances africaines bousculent la géopolitique planétaire et nourrissent l’élan d’émancipation déjà très vif de la communauté noire aux États-Unis. L’enjeu est de taille : il faut parvenir à trouver sa place dans le concert des nations au moment où les partitions territoriales sont redessinées. La guerre froide a installé une confrontation bipolaire latente qui se trouve brutalement ébranlée par l’émergence de nouveaux acteurs étatiques déterminés à jouer leur rôle au sein des instances internationales. Cette réalité attise les convoitises et conduit les anciennes puissances coloniales aux pires outrances pour conserver un pouvoir d’influence économique et stratégique. Ce nouvel ordre mondial agite les esprits, mobilise les engagements, suscite des prises de position parfois radicales. Outre-Atlantique, poètes, écrivains, musiciens, s’indignent des exactions de l’administration américaine et font entendre leurs voix. Les mots sont acerbes et les notes plus tranchantes. Le swing docile d’antan est subitement percuté par un free jazz insolent. John Coltrane, Ornette Coleman, Nina Simone entendent le cri de leurs frères africains et le relaient à travers des prestations vibrantes. L’océan n’est plus le tombeau des esclaves, mais un pont entre deux continents unis par un appel unitaire panafricain. L’universalité du discours afro-diasporique fait mouche et la musique accompagne avec force cette fronde sociale inéluctable. «Soundtrack to a coup d’État» narre avec acuité ce changement de paradigme appuyé par le rythme cadencé de jazzmen totalement investis dans un activisme artistique salutaire. De Louis Armstrong, empêtré malgré lui dans un rôle d’ambassadeur factice au Congo, à la campagne présidentielle fantaisiste mais résolue du trompettiste Dizzy Gillespie, le génie créatif et humaniste des grandes figures de «L’épopée des Musiques Noires» a suscité un examen de conscience que ce documentaire trépidant, nommé aux oscars, restitue brillamment.   Playlist - « Indépendance Cha Cha » par Joseph Kabasele & African Jazz - « When the saints go marching in » par Louis Armstrong  - « Vive Lumumba Patrice » par Vicky Longomba & African Jazz.
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Acerca de L'Épopée des musiques noires

Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, L’épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du 20ème siècle : La Black Music !  À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui. Réalisation : Nathalie Laporte. *** Diffusions le samedi à 13h30 TU vers toutes cibles, à 21h30 sur RFI Afrique (Programme haoussa), le dimanche à 17h30 vers l'Afrique lusophone, à 18h30 vers Prague, à 21h30 TU vers toutes cibles. En heure de Paris (TU +1 en grille d'hiver).
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