A la Une, y a-t-il un malaise entre Ousmane Sonko et le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye ?
Plusieurs titres du continent s’interrogent, après une prise de parole remarquée du Premier ministre Ousmane Sonko durant le conseil national du Pastef, le parti des deux hommes. Dans cette déclaration, rapporte L’Observateur Paalga, « il accuse le chef de l’État de ne pas avoir suffisamment d’autorité et de ne pas le protéger, lui », face aux critiques dont il a été la cible. Le Premier ministre, poursuit le journal, « appelle donc [le président] à prendre ses responsabilités et à le laisser gouverner. » C’est la première fois, note le Pays, que l’un des deux membres de ce tandem « bris[e] le pacte tacite de retenue » qui les liait, « en exposant publiquement ses frustrations face à ce qu’il considère comme une passivité présidentielle. » À tout le moins, il y a donc « de l’eau dans le gaz », renchérit L’Observateur Paalga, qui se demande « si l’explosion aura lieu » mais constate surtout « que les deux têtes de l’exécutif ne sont pas sur la même longueur d’onde sur bien des sujets. » À lire aussiSénégal: Ousmane Sonko s'en prend à Bassirou Diomaye Faye dans un discours Des différends sur le fond plutôt que sur la forme C’est en tout cas l’analyse de SenePlus, qui fonde son raisonnement sur les propos, il y a quelques mois, du poète Amadou Lamine Sall : selon lui, puisque « Senghor avait dit que pour être président au Sénégal, il faut être un saint ou un héros. » Sous ce prisme, Diomaye Faye serait le saint et Sonko, « le rebelle, l’orage et l’ouragan », et donc « le héros. » Un chef de gouvernement « volcanique », véritable « tribun », abonde le Pays, face à un chef d’État qui serait « l’incarnation d’une alternance apaisée. » Sauf que, tout calme qu’il soit, Bassirou Diomaye Faye « est loin d’être une caisse de résonance des désirs de son Premier ministre », pointe SenePlus, et c’est peut-être bien ce qui agace Ousmane Sonko : il est le patron du PASTEF, et pourtant ; « il n’est pas le maître du jeu dans le gouvernement », estime le journal sénégalais. L’Observateur Paalga va un cran plus loin : « pour un peu, on croirait que Sonko n’a toujours pas digéré le fait d’avoir cédé sa place à Diomaye Faye », option à laquelle il s’est résolu après ses déboires judiciaires. Depuis, c’est comme si, juge le journal, « il trainait cela comme une blessure narcissique dont il n’arrive pas à guérir. » Dans ces conditions, difficile d'imaginer jusqu'où ira ce duo, d'autant que, rappelle enfin le journal burkinabè, « le fauteuil présidentiel n’est pas un banc où tout le monde peut s’asseoir », et « il est toujours plus facile de prendre le pouvoir à deux que de gouverner » de cette manière. À lire aussi[Vos réactions] Sénégal : des tensions au sommet de l’État ? Le Tigré éthiopien à la Une de la presse également La guerre entre les rebelles de cette région du nord du pays et le gouvernement central s’est achevée il y a près de trois ans, mais le Tigré en porte encore les cicatrices. Prêtes à se rouvrir, à en croire Afrique XXI : sur le papier, le conflit est fini ; sur le terrain pourtant, relate un ancien membre des TPLF, « il y a des soldats partout, même si on ne les voit pas. » Et pour cause, précise le journal : « les forces amharas n’ont pas quitté l’ouest de la région, tandis que l’armée érythréenne a élu domicile dans le nord-est, » et c’est sans compter, donc, les soldats tigréens. Un climat qui empêche la population de prendre le chemin du retour : « plus de 1 million de déplacés et des dizaines de milliers de réfugiés n’ont toujours pas pu rentrer chez eux. » De nombreuses femmes parmi ces déplacés Le Monde Afrique s’intéresse ainsi aux 120.000 femmes victimes de viol pendant le conflit, « soit une femme tigréenne sur dix. » Ces violences ont eu lieu, parfois, raconte la fondatrice d’un centre d’aide, « dans des églises, avec l’assentiment du prêtre », de sorte que les victimes « sont persuadées que leur viol a été commis selon la volonté de Dieu. » Parfois, aussi, les témoignages relatent « des actes de torture » qu’on ne détaillera pas à l’antenne, mais dont le but est clair, selon une chercheuse citée : « rendre les femmes stériles, donc empêcher la communauté tigréenne de s’agrandir », le tout dans « un esprit de revanche, toujours intact plus de vingt ans après la fin de la guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée » - entre 2020 et 2022, les soldats érythréens se sont battus aux côtés de l’armée fédérale. Et maintenant que la guerre est finie, il faut, pour les victimes, faire face à « la réticence des autorités (…) à ouvrir les yeux sur ce fléau » car, dénonce une activiste, « ce serait reconnaître l’implication de leurs soldats » dans ces violences. Alors, malgré le manque de reconnaissance, malgré surtout le manque de fonds, les associations d’aide aux victimes poursuivent, sans relâche, leur travail. Après tout, soupire l’une d’elle : « si on s’arrête, qui s’occupera des survivantes ? » À lire aussiEn Éthiopie, la difficile reconstruction de milliers de femmes victimes de viols au Tigré: «je n’ai plus rien pour vivre»