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  • CAN 2025: «Le Maroc va jouer à la maison en étant au sommet de sa forme»
    Le coup d'envoi de la 35ème édition de la Coupe d'Afrique des nations de football sera donné dimanche prochain (21 décembre) au Maroc. Elle durera jusqu'au 18 janvier. Quels sont les grands favoris ? L'Afrique est-elle enfin reconnue à sa juste place dans le football mondial ? Joseph-Antoine Bell a été un grand international camerounais. Aujourd'hui, il est consultant pour RFI, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier, en ligne depuis Yaoundé. RFI : Joseph-Antoine Bell, le Maroc accueille cette compétition. Son équipe est la première nation africaine au classement Fifa (12ᵉ). Est-ce que du coup ce pays n'est pas le super favori ? Joseph-Antoine Bell : Oui ça arrive très rarement. C'est-à-dire qu'un pays qui est au sommet garde la forme et soit organisateur. Et là, le Maroc, ils ont une chance inouïe, ils sont en forme et ils organisent. Ils ont la chance de jouer chez eux. Souvent, jouer à la maison comporte aussi le revers de la médaille : c'est qu'on a la pression. Mais la pression, on la gère mieux quand on est au sommet de ses capacités. Donc là, le Maroc va jouer à la maison, cette fois en étant au sommet de sa forme, donc en étant capable de gérer la pression seulement. Et derrière le Maroc, qui voyez-vous comme équipes très très bien placées ? Je pense que le Sénégal ne devrait pas être mal placé. L’Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire… Et à un degré moindre l'Égypte et la Tunisie. Alors il y a cette CAN qui démarre dans quelques jours et puis il y a la Coupe du monde qui démarre dans six mois et où vont compétir au minimum neuf équipes nationales africaines, ce qui est quasiment le double des éditions précédentes. Est-ce qu'on peut dire que, aujourd'hui, le football africain est de plus en plus présent dans le football mondial ? Oui, le football africain est de plus en plus présent. Il faut se rappeler qu'à l'époque où il y avait seize participants, dans un premier temps, l'Afrique n'en avait aucun. Puis après, l'Afrique a eu un sur seize, ça fait très très peu. Et on a commencé à gagner un peu de positions, notamment grâce à la performance du Cameroun et de l'Égypte en 1990, en quart de finale [Les Camerounais avaient été éliminés aux portes des demi-finales par les Anglais, NDLR]. Et maintenant, le Maroc est allé en demi-finale [du Mondial 2022, NDLR] et on devrait continuer pour bousculer toujours la hiérarchie et se rapprocher du top, le top qui est un jour de gagner la Coupe du monde. Il y a cette nouvelle marque de respect du football mondial à l'égard de l'Afrique. Mais en même temps, les clubs européens qui comptent dans leurs rangs des internationaux africains ne seront forcés de les libérer qu'à partir de ce 15 décembre pour la CAN, alors que la règle habituelle, c'est que les joueurs sont libérés au moins deux semaines avant un grand tournoi international… Oui, mais l'Afrique a un problème particulier, c'est-à-dire, quel est le poids de l'Afrique ? Et là, en l'occurrence, quel est le poids de la Confédération africaine de football (CAF) vis-à-vis de la Fédération internationale (Fifa) ? Parce que l'Afrique est obligée de déplacer sa compétition pour plaire à la Fifa. L’Afrique est obligée d'accepter que les joueurs soient libérés tard pour plaire à la Fifa qui elle-même a subi la pression des clubs sans pouvoir y résister. Donc, les sacrifices sont toujours faits par les Africains et ça ressemble à d'autres domaines où on en demande toujours plus aux plus faibles. Donc, il faut se montrer un petit peu plus costaud. Donc c'est à la CAF de se battre. Ce n'est pas logique que ce qu'on accorde aux autres, on ne puisse pas l'accorder à l'Afrique. Mais pour ça, il faut gagner le respect des autres en tant qu'organisation. Il faudrait commencer en Afrique par décider quand a lieu la CAN, qu'elle ne soit pas un coup en été, un coup en hiver et puis un coup on ne sait pas trop quand. Non, il va falloir que la CAF travaille sérieusement pour avoir une position claire. Et vous n'êtes plus que le continent qui fournit la matière première. Au Cameroun, votre cher pays, le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, ne s'oppose pas au limogeage du sélectionneur belge Marc Brys par le président de la Fédération, Samuel Eto'o. Est-ce que c'est le signe d'un cessez-le-feu entre les deux hommes ? Chez nous, on dit : « Quand vous êtes au marigot et qu'un fou passe par là et vous prend vos vêtements pendant que vous êtes dans l'eau, ne lui courez pas après. » Donc, le ministre s'est dit : « Eh bien, on va laisser la fédération aller et faire comme elle veut », et comme ça il y a une trêve. Mais, je ne crois pas qu'elle soit favorable au football camerounais, parce que on va vite s'apercevoir de la limite des choix qui ont été faits. Il faudrait savoir qu'en Afrique, neuf fois sur dix, vous n'aurez pas de fédération sans l'État. Quand une fédération dit « non, laissez-nous, on va y aller tout seul », vous pouvez être sûr qu'elle va être en difficulté dès la première activité. Et donc, c'est dommage, mais je sais que les joueurs et tout le groupe ne passeront pas un moment tranquille. Parce que le retrait de l'État veut dire forcément le retrait de beaucoup de moyens, le retrait du soutien qui sera limité. À lire aussiTOUT SUR LA CAN 2025
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  • Aminata Sarr, lauréate du prix L’Oréal-Unesco: «Les femmes ont leur place dans la science»
    À l’heure où le changement climatique menace les récoltes et les ressources en eau, une jeune chercheuse africaine propose une solution concrète. À 30 ans, la Sénégalaise Aminata Sarr vient d’être distinguée par le Prix international L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science, qui récompense chaque année 30 jeunes chercheuses africaines. Son innovation vise à produire davantage, avec moins d’eau et moins d’énergie — enjeu crucial pour les zones rurales du continent. RFI : quand est née votre passion pour les sciences ? Aminata Sarr : Cela a commencé dès le bas âge. J’ai toujours aimé tout ce qui est en rapport avec la nature. Même quand j’étais jeune, sur mon ordinateur, les images que je créais étaient toujours liées à la nature. Quand j’ai eu l’occasion de m’orienter vers la production végétale et agronomique, j’ai donc choisi d’aller à l’université pour étudier l’agriculture. Ensuite, j’ai poursuivi avec une thèse. J’ai commencé cette thèse au Burkina Faso, dans le domaine des énergies renouvelables. Je travaille actuellement sur la production agricole et énergétique, et sur l’efficience de l’utilisation des ressources en eau en agriculture. Beaucoup de femmes n’ont pas cette même opportunité. Êtes-vous bien vue par votre entourage ? C’est vrai que beaucoup de filles n’ont pas eu cette chance, surtout là d’où je viens. J’ai grandi à Saint-Louis, à Goxumbac, situé sur la Langue de Barbarie, une zone où vivent majoritairement des pêcheurs. Parfois, les filles ne vont pas à l’école ou alors, elles arrêtent très tôt. Moi, j’ai eu la chance d’avoir une famille qui m’a comprise. Il y avait ma maman, qui nous poussait à aller de l’avant, surtout dans les matières scientifiques. Il y avait aussi ma grande sœur, qui a commencé avant moi. Une fois à l’université, j’ai également rencontré un professeur qui m’a encouragée à aller de l’avant, notamment dans le domaine de la recherche. Aujourd’hui, je travaille sur les systèmes agrivoltaïques, qui permettent de faire de la production agricole et énergétique en même temps. Vous êtes citée en disant que la science peut créer un monde où les populations les plus défavorisées vivent dignement. Quelle solution avez-vous formulée pour contribuer à mettre fin à la faim en Afrique ? D’abord, il y a le système agrivoltaïque. C’est une technique qui permet à la fois la production agricole et énergétique sur une seule surface. Nous avons aussi constaté que, pour l’agriculture, il faut optimiser ces systèmes. Nous avons donc développé une méthode permettant de trouver la configuration qui maximise à la fois la production agricole et énergétique. Nous y avons également intégré un système d’irrigation automatisé, que nous avons développé pour assurer une utilisation plus efficace des ressources en eau. Vous parlez donc de panneaux solaires, de capteurs ? Oui. En ce qui concerne les ressources en eau, nous utilisons des capteurs connectés à des microcontrôleurs pour appliquer l’eau de manière automatique. Les quantités d’eau dont la plante a besoin sont ainsi appliquées automatiquement, sans intervention de l’agriculteur. À lire aussiQuatorze scientifiques africaines honorées par la fondation l'Oréal-Unesco   Les agriculteurs savent donc quand irriguer, combien d’eau utiliser et comment économiser l’eau ? Effectivement. Le système permet d’appliquer automatiquement la quantité d’eau dont la plante a besoin, uniquement au moment nécessaire. Seule la quantité strictement nécessaire est utilisée. Comment cette solution peut-elle concrètement contribuer à réduire la faim en Afrique ? Pour faire de l’agriculture, on a besoin d’eau, et les ressources en eau diminuent de plus en plus. Quand elles diminuent, la production agricole est en danger. Il y a donc un risque de baisse de la production. L’eau doit être utilisée de manière durable. Pour lever ces contraintes liées à l’accès à l’eau, nous avons travaillé sur la mise en place de systèmes d’irrigation automatisés afin de renforcer la production agricole et de faire face aux effets du changement climatique et à la surexploitation des ressources en eau. En milieu rural, les producteurs n’ont pas toujours une idée précise de la quantité d’eau à appliquer, ce qui peut conduire à une surexploitation. Ces systèmes permettent donc une utilisation plus durable de l’eau, et donc une agriculture plus durable. Quand vous dites que la science peut sortir les gens de la pauvreté, à qui pensez-vous en particulier ? A des familles, à des agriculteurs que vous avez rencontrés ? Je pense notamment aux populations en milieu rural. Les producteurs y tirent l’essentiel de leurs revenus de l’agriculture. La question est donc de savoir comment aider ces populations qui sont dans le besoin. C’est dans ce sens que je dis que la science peut permettre d’améliorer les conditions de vie des populations les plus défavorisées. Et, juste pour revenir sur votre prix, il s’accompagne d’une enveloppe de 10 000 euros. Quel usage comptez-vous faire de cet argent ? Cet argent sera utilisé pour vulgariser les résultats que nous avons obtenus, notamment à travers la participation à des conférences et la publication d’articles scientifiques. L’objectif est de permettre aux populations d’avoir accès à la méthode que nous avons développée. Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes filles africaines qui rêvent elles aussi de faire de la science, mais n’osent pas encore ? Que pouvez-vous leur dire pour les encourager ? Je veux leur dire que les femmes ont toute leur place dans la science. Elles peuvent rencontrer des contraintes et des difficultés, mais elles doivent croire en elles. Elles doivent toujours se forcer à aller de l’avant, à travailler encore davantage pour aller de l’avant.
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  • Prof Jibrin Ibrahim (chercheur): «Le Nigeria, gendarme de l'Afrique de l'Ouest, dit stop aux putschs»
    « Pour arrêter un putsch, il faut que la Cédéao et les États voisins du pays touché interviennent immédiatement, sans laisser le temps aux putschistes de réussir leur coup », dit en substance l'universitaire nigérian Jibrin Ibrahim, cinq jours après les frappes aériennes du Nigeria contre les putschistes du Bénin. Le professeur Jibrin Ibrahim est chercheur principal au Center for Democracy and Development, le Centre pour la démocratie et le développement, à Abuja au Nigeria. Deux jours avant le prochain sommet de la Cédéao à Abuja, il présente la nouvelle stratégie de Lagos, au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Jibrin Ibrahim, l’intervention militaire du Nigeria au Bénin, est-ce que c'est le signe d'un retour de votre pays sur la scène ouest-africaine ? Jibrin Ibrahim : Oui, peut-être, comme dans les années 1980-1990, quand le Nigeria était très actif, comme policier de la démocratie et de la stabilité politique de l'Afrique de l'Ouest. Est-ce que l'ère du précédent président nigérian Muhammadu Buhari est terminée avec le président Bola Tinubu qui est en poste depuis 2023 ? Absolument. Le président Tinubu est plus actif que Buhari. Buhari ne voulait pas faire quoi que ce soit. Il était au palais présidentiel et il ne faisait pas grand-chose. Pourquoi le Nigeria est-il intervenu le 7 décembre 2025 contre les putschistes béninois et pas en juillet 2023, contre les putschistes du Niger ? Je pense qu’à Niamey, en 2023, le Nigeria a essayé d'intervenir après les faits et que c'était vraiment difficile, car le nouveau régime était déjà installé. Cette fois-ci, l'idée c’était d'intervenir avant que le coup d'État ne réussisse. Et je pense que c'est une question de méthode. Donc, la leçon de ces derniers jours, c'est que si le Nigeria et la Cédéao veulent empêcher des putschs, il faut intervenir immédiatement ? Exactement. C'est le seul moyen de réussir ce genre d'intervention. Est ce qu'il y a, derrière l'intervention de dimanche dernier, la volonté de mettre un coup d'arrêt à l'épidémie des coups d'État en Afrique de l’Ouest ? Oui, effectivement, il faut savoir qu'il y a un problème de base. Chaque régime actuellement en Afrique de l'Ouest a peur d'un coup d'État. Donc, c'est pour se protéger soi-même. Quand on regarde l'Afrique de l'Ouest actuelle, le Nigeria, le Togo, la Côte d'Ivoire et d'autres pays ont peur d'un coup d'État dans leur propre pays. Donc, protéger d'autres pays contre le coup d'État, c'est se protéger soi-même. Et pour arrêter ce risque, il faut intervenir chaque fois qu'il y a une tentative dans la région. Moi, je pense qu'il est important en Afrique de l'Ouest maintenant de développer une stratégie de ceux qui veulent maintenir la démocratie, qu'ils travaillent ensemble contre les forces de déstabilisation politique et l'arrivée des militaires au pouvoir. Lors du putsch en Guinée-Bissau le mois dernier, le Nigeria n'est pas intervenu militairement, mais il a décidé d'accorder tout de même l'asile politique à l'opposant Fernando Dias, qui est donc réfugié dans l'enceinte de votre ambassade à Bissau. Est-ce que c'est un message aux putschistes  Ça fait longtemps que le Nigeria fait comme ça. Félix Malloum, l'ancien président du Tchad, a été accueilli au Nigéria en 1979, je pense. Donc, il y a cette tradition au Nigeria d'essayer d'intervenir dans les conflits africains. Et quand il y a une crise qui touche le chef de l'État, le Nigeria est toujours prêt à offrir l'exil. Il y a un autre opposant qui proclame sa victoire à une présidentielle de cette fin d'année, c'est le Camerounais Issa Tchiroma Bakary. Depuis le 7 novembre, il s'est réfugié en Gambie. Mais pour aller de Garoua à Banjul, il a dû passer nécessairement par votre pays, non ? Il semble bien qu'il est passé par le Nigeria puisqu’il a traversé la frontière. Il est allé jusqu'à Yola et, à partir de Yola, on lui a donné un avion pour l'amener. C'est ce que les gens disent. Alors pourquoi le Nigeria ne lui a pas accordé l'asile politique ? Et pourquoi Issa Tchiroma a-t-il dû s'éloigner jusqu'en Gambie ? Le Cameroun est un voisin du Nigeria et il y a des questions sur la table. Il y a la guerre contre Boko Haram. Les deux pays sont obligés de travailler ensemble. Donc, avoir Tchiroma Bakary ici au Nigeria, cela peut poser des problèmes diplomatiques et politiques, il faut éviter cela et s'éloigner est peut-être la meilleure stratégie. À lire aussiTentative de coup d’État au Bénin: le chef de la diplomatie nigériane réagit à l’appui militaire d’Abuja À lire aussiTentative de coup d’État au Bénin: comment l’intervention de la Cédéao a été décidée
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  • Présidentielle en RCA: «Apaiser le climat politique et construire une véritable économie» dit A-G. Dologuélé
    Une élection présidentielle se tient en Centrafrique le 28 décembre prochain. Le président sortant, Faustin-Archange Touadera, est candidat pour un troisième mandat, mais il va affronter notamment un poids lourd de l'opposition, l'ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé, qui l'avait mis en ballotage en décembre 2015, un expert des questions économiques et financières. Quel est son programme pour sortir les Centrafricains de la pauvreté ? En ligne de Bangui, le candidat Dologuélé, qui dirige l'Union pour le Renouveau Centrafricain, répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Anicet-Georges Dologuélé si vous êtes élu, quelles seront vos deux priorités ? Anicet-Georges Dologuélé : La première chose, c'est qu'il faut apaiser le climat politique qui est très lourd. Redonner confiance aux Centrafricains d'abord en eux-mêmes et ensuite vis-à-vis des institutions républicaines de l'administration publique. Parce que la neutralité de l'administration et des institutions commence à devenir un lointain souvenir. Ensuite, la deuxième chose, c'est de construire une véritable économie en prenant des mesures pour inciter le secteur privé national comme étranger, parce que sans secteur privé, ça restera un pays très pauvre et nous recommencerons avec les mêmes problèmes, comme nous le faisons depuis des décennies. Je vois par exemple Monsieur Touadéra qui est au pouvoir depuis maintenant dix ans. Il y a des centaines d'hommes d'affaires qui sont venus à Bangui, aucun ne s'est installé parce que la seule chose qu'on fait, c'est qu’on les rackette. Il est grand temps de respecter les investisseurs qui viennent, à travers la justice, à travers les règles, et puis de faire en sorte qu'ils gagnent de l'argent et que le Centrafricain gagne, et que les populations aussi se retrouvent à l'aise.  Vous critiquez beaucoup le bilan du président sortant. Mais il y a cinq ans, lors de la dernière présidentielle, plus de la moitié du territoire était sous le contrôle des rebelles. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Est-ce que Faustin-Archange Touadéra n'a pas ramené la paix dans votre pays ? Dans un pays où il y a 14 000 casques bleus, où il y a plus de 3 000 forces spéciales alliées, c'est normal. Et puis, en face, vous avez des groupes armés qui finalement ont des revendications très floues et qui se sont plus transformés en groupes qui s'intéressent aux ressources naturelles qu'aux questions politiques. Donc, ça n'a pas été compliqué d'en venir à bout.  Oui, mais tout de même, ces accords qui ont été signés entre le pouvoir centrafricain et les mouvements rebelles, comme les 3R, comme l'UPC et tout récemment le MPC, est-ce que ce n'est pas à mettre à l'actif du président Touadéra ?  Nous verrons pendant les élections si ces accords ont été efficaces, parce que ces groupes armés comme les 3R n'ont été que très peu démobilisés. Moi, je suis de la région du Nord-Ouest du pays. Il y a encore beaucoup d'hommes en armes qui circulent, qui effraient les populations. J'espère que les accords, c'est effectivement pour la paix et non pas pour empêcher que des candidats comme moi fassent campagne dans des régions très peuplées comme le Nord-Ouest, qui représente mon bastion électoral.  Depuis le départ des militaires français, ce sont les militaires russes qui occupent une très grande place dans votre pays. Si vous êtes élu, est-ce que vous leur demanderez de rester ou de partir ? Je ne pense pas qu'ils occupent une grande place. Nous avons des relations naturellement avec la Fédération de Russie, mais ce n'est pas une raison pour dire que Wagner est un groupe composé de soldats russes. Et donc, moi, les relations avec la Russie, je suis demandeur. Je suis preneur. La sécurité avec l'armée des pays amis, quels qu'ils soient, je suis d'accord. La sécurité avec des mercenaires, c'est à discuter.  Vous n'êtes pas satisfait de ce que font les hommes de Wagner aujourd'hui dans votre pays, c'est ça ?  Aucun Centrafricain n'est satisfait de la brutalité. Aucun Centrafricain ne se satisfait du fait que des richesses sortent du pays sans 1 centime pour le Trésor.  Et si les hommes de Wagner sont remplacés par des hommes d'Africa Corps, la nouvelle unité officielle de la Russie en Afrique, que diriez-vous ? Eh bien, je ne suis pas encore au pouvoir. Quand j'y serai, je discuterai avec la Fédération de Russie. On trouvera des solutions mieux adaptées.  Craignez-vous la fraude ? Le 28 décembre, est ce que vous êtes prêt à unir vos forces avec celles de l'ancien Premier ministre Henri-Marie Dondra pour surveiller tous les bureaux de vote du pays le jour du scrutin ? Ah oui, je suis prêt à unir mes forces avec tous les démocrates, candidats comme Henri-Marie Dondra ou non candidats, pour faire un bloc et empêcher que Monsieur Touadéra vole encore les élections pour rester sept ans à la tête du pays.  Et si Faustin-Archange Touadéra est mis en ballotage par Henri-Marie Dondra ou par vous-même, est ce que vous envisagez un accord de désistement entre Dondra et vous pour le deuxième tour ?  Il faut que Monsieur Touadéra, après dix ans de pouvoir, puisse prendre sa retraite et avoir une vie paisible d'ancien chef d'État. Et si nous conjuguons nos efforts pour y arriver, c'est une excellente chose pour tous les Centrafricains. À lire aussiCentrafrique: le président Faustin-Archange Touadéra défend son bilan   À lire aussiCentrafrique: l'opposant Henri-Marie Dondra envisage de «reconcilier le pays et lutter contre la pauvreté»
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  • Édouard Bizimana (MAE): «Le Burundi est prêt à user de tous les moyens pour protéger sa population»
    Les États-Unis et les grands pays européens appellent les rebelles du M23 et l'armée rwandaise à « cesser immédiatement » leur offensive sur Uvira, en République démocratique du Congo. Le Burundi, qui a dépêché des troupes au Congo pour défendre Uvira, est inquiet. « Ce qui menace Uvira menace aussi Bujumbura », affirme ce matin sur RFI Edouard Bizimana, le ministre burundais des Affaires étrangères, qui ajoute que son pays est  « prêt à user de tous les moyens pour protéger ses frontières », et empêcher la chute de la grande cité congolaise. « Toutes les options sont sur la table », dit-il. En ligne de Bujumbura, le chef de la diplomatie burundaise répond aux questions de Christophe Boisbouvier.  Monsieur le ministre Édouard Bizimana est-ce que vous pensez que la ville d’Uvira est menacée ? Édouard Bizimana : oui, la ville d’Uvira est menacée depuis le 2 décembre quand ils ont intensifié les combats. Bien sûr, c'était avec le renfort venu du Rwanda. On a vu des camions remplis de militaires. La première fois 17 camions remplis, la deuxième fois 22 camions remplis qui traversaient Bugarama, une localité du Rwanda pour aller vers la frontière congolaise. Et ils ont aussi utilisé des armes lourdes, de l'artillerie et des drones kamikazes, des drones de fabrication turque. Mais du côté des FARDC et de votre task force, il n'y a pas de drones ? Ah ça, je ne sais pas, je ne suis pas sur le terrain. Donc, ce que vous nous dites, c'est que les assaillants ont une supériorité aérienne, c'est ça ? Bon, ce n'est pas ce que je veux dire, mais ce que nous regrettons, c'est que ce sont des armes qui tuent à l'aveuglette. Ils ont lancé les bombes sur les populations civiles, qui ont obligé les gens à fuir les localités. Donc nous avons maintenant beaucoup, beaucoup de réfugiés qui affluent vers le Burundi. Et pour ces réfugiés qui fuient vers le Burundi, est-ce que la frontière est ouverte ? Oui, la frontière est ouverte et nous avons déjà depuis trois jours enregistré plus de 30 mille réfugiés et demandeurs d'asile. Alors la ville congolaise d’Uvira est à quelque 20 kilomètres à peine de la capitale économique du Burundi, Bujumbura. Si les rebelles et leurs alliés rwandais entrent dans Uvira, vous réagirez comment ? En tout cas, toutes les options sont sur la table. Parce que Uvira et Bujumbura, ce sont des villes côtières. Et ce qui menace Uvira menace aussi Bujumbura. Donc le Burundi est prêt à user de tous les moyens pour protéger sa population et ses frontières. Et pourquoi dites-vous que ce qui menace Uvira menace aussi Bujumbura ? Parce que les deux villes sont très proches, ce sont deux villes jumelles au bord du lac Tanganyika, c'est ça ? Oui, oui, c'est ça. C'est ça. De Bujumbura, vous voyez l'autre côté de la rive et Uvira est là, et d’Uvira, vous voyez Bujumbura. Et donc c'est à quelques minutes de conduite par la route, si vous voulez. Et dans cette hypothèse là, vous estimez que vos intérêts vitaux seraient menacés ? Oui, bien sûr, nous serions menacés. Dans cette hypothèse, la capitale économique sera menacée et les mouvements des biens et des personnes entre nos deux pays seront perturbés. Et le flux des réfugiés, bien sûr, avec la pression que cela exerce sur les ressources que nous avons. Donc là, c'est une menace directe sur le Burundi. Parce que vous craignez peut-être l'arrivée au Burundi de dizaines de milliers de civils fuyant la ville d’Uvira. C'est ça ? Oui, oui, ils sont déjà en train de fuir. Et puis quand les gens fuient, même si vous faites le contrôle, il peut y avoir des malfaiteurs qui se cachent dedans, ou même des combattants qui se cachent dedans, pour en fait servir d'éclaireurs sur le sol burundais. Donc les enregistrements s'accompagnent de vérification minutieuse pour justement éviter qu'il y ait des gens armés qui puissent se faufiler entre les réfugiés. Et vous dites que, en cas de prise d’Uvira, vous prendrez toutes les mesures nécessaires. Lesquelles ? Ici, je ne peux pas donner les détails, mais toutes les options sont sur la table. Option militaire ou option politique ? Le tout. Parce que déjà, sur le plan militaire, vous êtes sur le terrain congolais. Qu'est-ce que vous pouvez faire de plus ? On est sur le terrain congolais, mais toutes les ressources n'ont pas été déployées. Peut-être qu’il y aura des mesures supplémentaires. Vous avez des troupes en réserve ? Vous savez, toute l'armée burundaise n'est pas en RDC. Ça ne peut pas se faire. Mais s'il le faut, il y aura des renforts burundais qui traverseront la frontière vers le Congo. C'est ça que vous nous dites ? Oui, j'ai dit que toutes les options sont sur la table. S'il faut des renforts, s'il faut quoi que ce soit, tout est sur table. Et je pense que aussi, si le président Trump croit à l’accord signé le 4 décembre à Washington, et vous le savez, les Etats-Unis, c'est une grande puissance, quand les Etats-Unis parlent, je crois que c'est difficile de fermer les yeux ou de se boucher les oreilles. Donc, il suffirait que les Etats-Unis mettent un peu de pression sur Kagamé. Je pense que le reste va se résoudre parce que le M23 sans Kagamé, sans le Rwanda, ce n'est rien. Et pratiquement, le Rwanda est devenu un facteur de déstabilisation. Et concrètement, dans les deux ou trois jours qui viennent., qu'est-ce que vous attendez de Donald Trump ? Non, c'est à lui de décider. C'est à lui de décider comment le faire. Parce que si l'accord du 4 décembre est signé et qu'il n'est pas appliqué alors que c'est lui qui avait fait les efforts pour convaincre les deux chefs d'Etat à se rendre à Washington pour signer, si ça reste dans les tiroirs, donc, je pense que ça serait aussi une humiliation pour les Américains. Edouard Bizimana, je vous remercie.   À lire aussiRDC: au Sud-Kivu, l'accord de paix de Washington reste un lointain mirage À lire aussiEst de la RDC: au Sud-Kivu, le front se déplace en direction de la deuxième ville de la province
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Acerca de Le grand invité Afrique

Du lundi au samedi, Christophe Boisbouvier reçoit un acteur de l'actualité africaine, chef d'État ou rebelle, footballeur ou avocate... Le grand invité Afrique, c'est parfois polémique, mais ce n'est jamais langue de bois.
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Generated: 12/15/2025 - 8:44:38 PM